Cet été, les habitants de Béjaïa ont brillé par les manifestations de rue ciblant les APC. Le siège de la commune de Chemini a été paralysé mercredi par une manifestation de mécontentement initiée par les habitants du village Tidjounan. C'est la quatrième structure communale à subir la colère des habitants en quelques jours et le scénario d'action de rue a été une ritournelle bien suivie durant toute la saison d'été pour se faire entendre. Chemini, Toudja El Kseur, pour ne citer que ces communes, ont brillé cet été, non pas par des festivals ou encore des actions à même d'accueillir les estivants dans de meilleures conditions, mais par des «manifs» qui traduisent un malaise. Occupation des sièges communaux, fermeture de routes, tout y est pour dire son mot en l'absence de canaux traditionnels, disparus au gré de politiques pas toujours en adéquation avec les aspirations citoyennes. C'est à croire que rien ne se fait dans nos communes. Mais la réalité est parfois tout autre. Si les frondes citoyennes trouvent leur raison d'être dans les insuffisances criantes nées pour l'essentiel de la léthargie qui caractérise les équipes aux commandes des communes ou encore de l'incompétence avérée de certains élus, il n'en est pas de même dans certains cas où les sempiternelles mésententes qui minent les assemblées, donnent des idées de manipulation qui se traduisent par ce genre d'actions de contestation. Tout est possible sachant que les élections sont pour bientôt. Certains politiciens ne rateraient pas l'occasion de perturber leur adversaire pour se replacer sur un échiquier politique qui ne lui a pas été favorable en 1997. Cette guerre sournoise existe entre les partis et au sein même d'un parti politique. La guerre pour la prise des commandes locales se fait sentir à travers certains rassemblements de protestation et l'on comprend vite ce qui motive réellement la manifestation du jour. Les habitants exigeaient la réhabilitation d'un axe routier dont les travaux allaient démarrer le jour suivant. Un déficit en communication sciemment entretenu par un élu de l'assemblée. Ce dernier, bien qu'au courant du lancement imminent du projet, n'a pas jugé utile d'informer ses concitoyens, préférant laisser faire l'agitation. Le maire a refusé de recevoir les contestataires au prétexte qu'ils ont été manipulés par son opposant. Cette commune aura été secouée inutilement. Des cas semblables sont légion. Le chef de l'exécutif, qui a instauré le dialogue avec le mouvement associatif depuis son installation à la tête de la wilaya, est-il au courant de cette situation? Forcément oui. C'est pourquoi il fait, quelque part, le travail qui aurait dû être fait par les maires. Il reçoit les contestataires et finit par calmer les esprits alors que le bon sens voudrait que tout se fasse localement. Mais c'est toujours comme ça dans une région à tendance politique plurielle. Mais qu'est-ce qui fait donc courir tout ce beau monde pour briguer des mandats électoraux locaux? La question mérite d'être posée lorsqu'on sait que le salaire reste celui de l'ancien poste avec en sus de nombreux inconvénients liés à la responsabilité. Serait-ce le véhicule de service? Le téléphone? Assurément pas. Il s'agit de bien d'autres autrement plus alléchants et que le nouveau Code communal et de wilaya va certainement illimiter. La conférence qui s'est tenue récemment à Béjaïa sur le financement des communes, devrait inciter beaucoup de postulants à réfléchir par deux fois avant d'y aller.