Samira Brahmia est née dans le Doubs, en France, et assume très bien ses origines et ses acquis avec un naturel déconcertant. Ses chansons mêlent influences pop rock, châabi, traditions celtiques ou instruments du Grand Sud algérien. Du charisme à revendre et du coffre accentué par l'émotion dans la voix, cette jeune artiste installée en France depuis 8 ans, chante l'amour, la liberté mais aussi les conditions de la femme (Samira a participé à 20 ans Barakat/ 20 ans ça suffit! un disque contre l'application du Code de la famille en Algérie)... entre humour et sens accru du réalisme, elle décrit le monde d'aujourd'hui avec lucidité et tendresse, composant des mélodies où la guitare folk répond à la derbouka...et le bendir. Samira s'est produite dans un cadre intime en acoustique, vendredi dernier, dans le cadre de la kheïma de l'hôtel Riad à Sidi Fredj où nous l'avons rencontrée. Ecoutons ce qu'elle a à dire, la «Naïlia». L'Expression: Alors, Samira Brahmia, un retour au bercail salutaire au cours du mois de Ramadhan? Samira Brahmia: D'abord, c'est un plaisir pour moi. C'est clair que c'est un retour aux sources. Depuis le Festival panafricain ou le Ramadhan dernier, je n'ai pas joué à Alger et me suis demandé: mais que se passe-t-il?Il fallait que je revienne rejouer ici. Vous vous êtes produite récemment au Festival d'Avignon, pourriez-vous nous parler de cette expérience? En fait, une très belle expérience car c'était dans le cadre du Festival off d'Avignon. J'ai joué pendant presque un mois dans une salle qui s'appelait «La Maison des Fondues» qui se transforme durant le le Festival d'Avignon en théâtre. C'était très bien. Pourquoi? Car j'ai l'impression d'être sorti du milieu communautaire. J'ai eu énormément de public européen plus que maghrébin, qui est venu m'écouter. C'était une bonne expérience. Ça a plu aux gens. Je trouve que ça a bien marché pour une première sachant que pendant le festival il y a 1200 compagnies qui se produisent. C'est une grosse foire au spectacle. Autant pour certains au bout de 3 à 4 jours, ils plient bagage car il n y a aucun spectateur, autant pour moi c'était un honneur de voir tout ce monde. Il y a une grosse concurrence. Je trouve que ça été une bonne expérience. C'était avec une production qui a cru en moi, qui s'appelle Coefficient 7. J'espère le refaire l'année prochaine Inchallah. C'est très bizarre la vie, en fait. Le directeur de cette boîte-là, qui s'appelle Samuel Arnaud, m'avait programmée dans mon premier festival en France qui s'appelait Petit Festival en herbe. Cette personne-là a toujours cru en moi. Cela fait 8 ans que je suis en France. Chaque année, je fais une ou deux dates et là je fais avec elle, Avignon. Vous étiez aussi au festival de la Saouira (Maroc) récemment... Oui, j'y suis allé mais pas officiellement. C'était de super vacances pour moi. J'ai pris ma guitare parce que j'ai une copine à moi qui travaille à l'Arbre à palabre, la maison où se tiennent les conférences de presse, tous les jours. C'est assez spécial car y assistent la presse et le public. C'est très convivial. Il y a des maïdate et des tapis. Les gens sont assis par terre. On sert du thé. Les musiciens jouent parfois un morceau. C'était très sympa. On m'a proposé de faire un petit beuf le dernier jour. Cela a tellement plu que je suis programmée début octobre au Maroc. J'ai trois dates de concert là-bas. J'ai improvisé avec un saxophoniste américain. C'était une super belle rencontre. J'ai adoré ce festival. La spécificité de ce festival est qu'il se déroule dans une vieille ville. On est au milieu de la médina. Il y a de la musique partout. C'est très convivial. Peut-être qu'on pourrait se faire un festival pareil à Ghardaïa, ou à Timimoun, ce serait supergénial. Il existe déjà à Alger le Festival Diwane... Oui, j'en ai entendu parler. Mais là je pense qu'il faudra vraiment trouver la bonne ville qui soit belle, touristiquement parlant, en même temps qui peut engendrer cette magie-là. Je peux dire, sans prétention, que j'ai fait plein de festivals et je trouve que c'est génial de concilier le réel esprit d'une vraie médina avec ses habitants et la musique. Qu'en est-il de votre actualité? De nouvelles compositions écrites, on présume...Quoi de neuf depuis l'album Naïlia? Parfaitement, je suis en train de penser au deuxième album. Il y a des morceaux qui sont prêts, d'autres pas encore. J'attends que les personnes avec lesquelles j'ai envie de travailler soient prêtes. Le premier s'est fait en autoproduction. Je pense qu'avec le deuxième, on aura une autre façon de fonctionner financièrement. C'est-à-dire qu'on aura des subventions ou un truc dans le genre. La première expérience c'était très sympathique. Mais il est hors de question de refaire un autre album en autoproduction. Ce n'est pas facile et on se retrouve à passer à côté de l'âme artistique et à réfléchir argent et ce n'est pas trop mon domaine. Mis à part le côté financier, où en êtes-vous alors sur le plan création musicale? Il y a des compositions personnelles et des bonnes propositions d'autres gens. Je vous informe que j'ai été invité sur les albums des groupes Daxar et Fanfarai. Ils ne sont pas encore sortis en Algérie. C'est toujours une belle expérience pour moi car c'est un échange toujours fructueux. Je prends mon temps pour les collaborations. Il y a quelques personnes que j'essaye de faire rentrer dans mon monde et partager des choses avec elles. Des projets? En fait, j'ai plein d'idées sur deux ou trois projets. Ne pas faire un seul album. J'aimerais reprendre quelques standards algériens, ça s'est déjà fait mais j'aimerai les faire à la sauce. C'est-à-dire de la fusion avec du jazz, notamment faire rencontrer la musique de Fadéla Dziria avec du jazz. Ça c'est un projet qui me tient à coeur. Je prends le temps pour le faire. Ça se travaille. On ce qui concerne mon prochain album il y a quelques morceaux qui sont, je pense, dans cette même dynamique de fusion, entre l'Occident et le Maghreb. Ça parle, notamment d'amour, de mari etc.