Le 3 octobre 1990, onze mois après la chute du Mur, entrait en vigueur le traité réunifiant la RFA et l'ex-RDA communiste. Helmut Kohl avait promis à l'Est «des lendemains qui chantent». L'Allemagne réunifiée fêtait dimanche ses 20 ans, deux décennies au cours desquelles la première économie d'Europe a reconquis sa place de géant politique, mais sans résorber les disparités socio-économiques entre l'Est et l'Ouest. «Nous avons réussi beaucoup de choses. Mais on ne change pas 40 ans de communisme en une nuit. Nous savions que la route serait longue», a expliqué récemment Hans-Dietrich Genscher, ancien chef de la diplomatie de Helmut Kohl, ex-chancelier et père de la réunification. Le 3 octobre 1990, onze mois après la chute du Mur, entrait en vigueur le traité réunifiant la RFA et l'ex-RDA communiste. Helmut Kohl avait promis à l'Est «des lendemains qui chantent». «C'est plus difficile qu'on ne l'imaginait en 1990», selon le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble. Pourtant, vingt ans et 1.400 milliards d'euros plus tard, l'Allemagne et ses 82 millions d'habitants «peuvent être fiers», juge le sociologue Klaus Schroeder, spécialiste de la réunification. Aux commandes de ce pays politiquement très stable (trois chanceliers en vingt ans), une femme ayant grandi à l'Est, Angela Merkel: «une bonne nouvelle» selon le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière, alors que l'establishment de l'Ouest noyaute presque tous les organes du pouvoir. Sur la scène diplomatique, l'Allemagne libérée de ses vieux démons nazi et communiste assume sans complexes sa puissance, est engagée dans des missions militaires à l'étranger et revendique un siège au Conseil de sécurité. Au plan économique, ce pays vite remis de la crise de 2008 reste le moteur de l'Europe avec ses exportations vigoureuses. La RFA a absorbé à marche forcée la RDA malgré un monceau de difficultés financières -dont le prix fort payé pour la parité monétaire entre deutschemarks et marks de l'Est-, en démantelant et adaptant les structures de production est-allemandes. «L'histoire de l'unité est une celle d'un grand succès», se félicite M. de Maizière. Mais des ombres demeurent au tableau. Pas un groupe du DAX, l'indice boursier vedette, n'a son siège dans l'Est, qui est souvent désindustrialisé, où salaires et retraites restent inférieurs et où le chômage frappe plus fort. «Kohl a donné l'impression qu'on pourrait résoudre les problèmes des Allemands de l'Est avec de l'argent de poche. C'était un euphémisme énorme», explique le chef de l'institut de conjoncture Ifo, Hans-Werner Sinn. L'Ouest a déjà versé plus de 1.400 milliards d'euros pour aider l'Est, souligne-t-il. Et le «pacte de solidarité», un prélèvement sur la feuille d'impôt, court jusqu'en 2019. Pourtant le niveau de vie des «Ossis» (de l'Est), s'il a augmenté de manière fulgurante en vingt ans, reste inférieur d'un tiers à celui des «Wessis» (de l'Ouest). L'Est ne rattrapera pas l'Ouest avant longtemps, prédit l'Ifo. Et «l'identité commune fait défaut», constate Klaus Schroeder: des touristes à Berlin ont beau s'en étonner, «une large majorité d'Allemands voit plus de différences que de points communs entre l'Ouest et l'Est», et une majorité estime qu'elle vivait mieux avant la réunification.