L'Algérie n'a toujours pas renoncé à sa volonté de racheter Djezzy. A quel prix? Le gouvernement algérien est certainement dans le vrai en refusant d'acheter Djezzy au prix de 7.8 milliards de dollars exigé par les Russes de VimpelCom. Cette offre est même qualifiée d'arnaque par Noureddine Legheliel, analyste financier en Suède. Selon lui, même Orascom Télécom, qui est l´entreprise mère de Djezzy, était évaluée par la Bourse du Caire ainsi que la Bourse de New-York à 4,8 milliards de dollars le 18 septembre dernier. Il conclut que le prix demandé par les Russes pour vendre Djezzy est excessif. L'évaluation de Djezzy faite par Noureddine Legheliel est de l'ordre de 4,6 à 4,8 milliards de dollars. Le gouvernement algérien veut débourser un montant inférieur pour l'acquisition d'Orascom Télécom Algérie. En fait, le gouvernement a bâti sa stratégie sur l'espoir que les pressions fiscales ou autres sur Djezzy puissent conduire à la chute de sa valeur. Aucune des deux parties, voire des trois, Russie, Egypte, Algérie, n'ont dévoilé leur méthode d'évaluation. Cette dernière passe par les perspectives d'avenir de l'entreprise, à savoir le taux de croissance des bénéfices anticipés. Pour faire valoir son point de vue, le gouvernement algérien a toute latitude de faire évaluer Djezzy par une banque d'affaires internationale, à l'instar de l'américaine Merill Lynch. Son évaluation devra être bien sûr, inférieure au prix avancé par les Russes. Ce sera un atout entre ses mains au cas où il décide d'aller en justice devant les instances internationales avec les Russes. Le ministère des Finances a effectivement lancé hier un appel d'offres pour sélectionner une banque d'affaires ou un cabinet d'expertise afin d'accompagner l'Etat dans le choix d'un partenaire étranger pour l'acquisition d'Orascom Télécom Algérie sans qu'il ne soit question d'évaluation. Apparemment confiée à un cabinet algérien. Noureddine Legheliel pense que l'évaluation de Djezzy par un expert comptable algérien n'est pas une démarche adéquate. Il y voit un manque flagrant des connaissances du monde de la finance internationale. Il insiste sur le fait que l'évaluation d'une entreprise comme Djezzy doit être faite à travers une banque d'affaires internationale qui a une crédibilité dans le monde de la finance. Les banques d'affaires américaines réclament 10 millions d'euros pour une mission d'évaluation. La méthode appelée évaluation comptable n'est pas valable pour les acteurs de la finance internationale. Ce sont les méthodes financières telles que l'évaluation par les PER (Price Earnings Ratio) utilisées pour chaque branche d'activités qui est valide. Tout cela ne répond pas à la question de savoir pourquoi Sawiris est pressé de vendre toute la holding communication à travers le monde et non seulement Djezzy. Ses déboires en Algérie sont les principaux motifs. La valeur boursière d'Orascom Telecom (l'entreprise mère de Djezzy), cotée à la Bourse de New-York, était de 46 milliards de dollars le 9 septembre 2009. Le 15 septembre 2010, Orascom valait 4,7 milliards de dollars: 41 milliards de dollars sont partis en fumée en l'espace d'une année. La principale raison de ce désastre financier est l'affaire de Djezzy après le match Algérie-Egypte pour les éliminatoires de la Coupe du Monde, il y a un an. Un an depuis que le gouvernement s'est empêtré dans le dossier. Si on remonte dans le temps, on s'aperçoit que lors de l'affaire Orascom Cement, les relations entre le gouvernement et le groupe étaient déjà tendues. D'autres diraient que le différend remonte à 2001 lorsque la presse évoquait les conditions d'acquisition de la licence. Sans qu'aucune stratégie de sortie de crise ne soit adoptée à temps. L'Algérie peut se targuer d'avoir atteint un seul objectif: affaiblir Sawiris et Djezzy. Le premier a perdu une fortune en une année. La deuxième se trouve atteinte dans son image. Noureddine Legheliel soupçonne que Sawiris soit aussi une victime de la famille Moubarak, jalouse de la fortune de l'homme d'affaires.