Une tentative de déstabilisation de la Tunisie ne peut pas laisser les Algériens indifférents. Les observateurs sont surpris par les manifestations ayant éclaté subitement en Tunisie. Comment, dans un pays connu pour son calme, un tonnerre si violent peut-il éclater? s'interrogent-ils. Les premières analyses suggèrent que les motifs ayant conduit à ces manifestations ne répondent pas à une logique qui a souvent été à l'origine d'événements similaires dans les pays en développement et dans les pays occidentaux. Les jeunes Tunisiens manifestent pour obtenir de l'emploi. Mais, selon des statistiques récentes, le chômage est de 10%. Comparativement à d'autres pays comme ceux du Golfe, c'est un paramètre satisfaisant mais ne peut pas être traduit comme un résultat excellent. D'autres questions sont posées. Comment en est-on arrivé là? C'est une tentative de suicide d'un jeune Tunisien qui a mis subitement le feu aux poudres. La région de Sidi Bouzid, à 265 km de Tunis, est en proie, depuis le 19 décembre, à des troubles sociaux à la suite de cette tentative de suicide d'un marchand ambulant de fruits et de légumes. Cela a provoqué certains regroupements dans quelques villes, dont Tunis mais sans grande adhésion. Le citoyen tunisien est connu pour son aversion pour l'incivisme. Comme il n'admet pas que l'Etat soit maltraité à travers ses dirigeants. La Tunisie est de tout temps classée par des organisations internationales au top en matière de gouvernance. Elle figure aussi en bonne place en matière de niveau de vie. Pourquoi alors, autre question, tous les médias, notamment arabes et particulièrement Al Jazeera sont-ils entrés en guerre contre Ben Ali? L'explication est-elle liée au fait que le directeur de cette chaîne est un militant du Hamas palestinien et proche en même temps de Ghanouchi d'Ennahda? Ce sont eux qui ont intérêt à ce que les Tunisiens descendent dans la rue. Pendant que d'autres essaient au contraire de ramener le calme. L'état des lieux est brossé par le président Zine El Abidine Ben Ali. Dans un discours de mardi dernier, le président a commencé par regretter les événements de Sidi Bouzid et a en même temps dénoncé leur instrumentalisation politique par certaines parties. L'Etat est présent dans de nombreux domaines: éducation, santé et habitat. 90% des maisons sont individuelles. Avec un apport de l'Etat. Les pays voisins ne sont pas restés insensibles à la situation. Le président libyen Mouammar El Gueddafi a permis aux demandeurs d'emploi tunisiens de travailler sans encombre en Libye. Il a demandé que toutes les entraves administratives et financières soient immédiatement levées pour permettre aux Tunisiens d'entrer en Libye pour y travailler, faire du tourisme ou pour toute autre activité. Quid de l'Algérie? Une entreprise de déstabilisation d'un Etat voisin ne sera pas sans répercussion sur le pays. D'où la nécessité pour l'Algérie de s'opposer à ce genre de velléités. La Tunisie n'a-t-elle pas abrité les réfugiés pendant la guerre de Libération? N'a-t-elle pas fait de même pour le gouvernement algérien en exil et de nombreux dirigeants et djounoud de la Révolution? Droits-de-l'hommistes et islamistes n'arriveront pas à ternir cette relation. Ils doivent aussi prendre en considération un probable et spectaculaire retournement de situation. Un précédent? il y en a eu. De Gaulle, en 1968, n'a-t-il pas éteint les braises de la crise de mai par un discours? Un million de Français ont répondu à son appel...en sortant dans les rues.