Le montant des transactions au noir est estimé à des dizaines de milliards de DA, selon le directeur du contrôle économique et de la répression des fraudes. Le montant des ventes sans facturation, au cours de l'année 2009 en Algérie, s'élève à près de 60 milliards de DA. C'est ce qu'a indiqué, jeudi, le directeur du contrôle économique et de la répression des fraudes, Abdelhamid Boukahnoune. Ce dernier, qui s'exprimait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, a ajouté que le département du Commerce «s'attend à un montant avoisinant le même chiffre de l'année précédente» pour l'année 2010. Le chiffre n'est nullement étonnant puisque 80% des transactions commerciales se font sans aucune facturation en Algérie, rappelle Abderrahmane Meb-toul, expert international, dans une contribution publiée récemment dans la presse nationale. «70 à 80% des transactions utilisent le «cash», comme moyen de payement», ajoute-t-il. L'évasion fiscale est estimée à 200 milliards de dinars annuellement, soit 2,6 milliards de dollars, selon l'économiste qui cite comme source l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Plus impressionnant, la part qui revient à l'économie informelle concernant le secteur de l'emploi. Elle serait «d'après le bilan du CNES établi pour l'année 2004, de 17% de l'emploi total, soit quelque 1300.000 personnes», indique M.Mebtoul. Il continue en précisant que le «taux de la population exerçant dans le secteur informel s'accroît annuellement d'environ 8%, selon la même source ce qui nous donnerait, en 2009, le taux annoncé récemment par le ministère du Travail plus de 25% de la population active». L'éradication de marchés illicites, la régularisation de commerçants activant dans l'informel et dernièrement, l'obligation d'utiliser le chèque pour les paiements dépassant les 500.000 DA à partir du 31 mars, ce sont autant de mesures que le gouvernement a adopté pour remédier à ce problème. Peine perdue, la sphère informelle échappe, de plus en plus, au contrôle des pouvoirs publics. «Les mesures autoritaires bureaucratiques produisent l'effet inverse et lorsqu'un gouvernement agit administrativement et loin des mécanismes transparents et de la concertation sociale, la société enfante ses propres règles pour fonctionner qui ont valeur de droit puisque reposant sur un contrat entre les citoyens», explique M.Mebtoul. Dans un autre chapitre, M.Boukahnoune a indiqué, dans son intervention, que 170.000 infractions à la pratique réglementaire des prix ont été enregistrées par les services de contrôle en 2009. Mais avec les amendements introduits, en juillet dernier, sur la loi sur les pratiques commerciales et la concurrence, les services de contrôle disposent des outils juridiques pour contrôler les prix. «Ils disposent, aujourd'hui des moyens juridiques pour contrôler et réprimer toute infraction qualifiée de pratique illicite des prix quand ceux-ci ne correspondent pas à la réglementation», a-t-il noté. Concernant le contrôle des prix du sucre et de l'huile, près de 160 contrôleurs seront mobilisés dans la capitale. Leur objectif: s'assurer de l'application des mesures prises récemment par le gouvernement.