Les jeunes internautes algériens investissent le Web et les réseaux sociaux. Ils amorcent des discussions virtuelles, tentent de mobiliser autour d'eux pour ainsi participer à la dynamique citoyenne et prendre le relais. Amine Menadi, fondateur du groupe «Algérie pacifique» se pressentant comme un collectif citoyen autonome, nous fait part de la conception des jeunes internautes algériens sur le mouvement de protestation enclenché depuis le début du mois de janvier. Lucides, ces jeunes internautes parlent de leurs préoccupations et surtout de la manière avec laquelle, la révolte doit être amorcée. La révolution existe dans l'esprit et le coeur des Algériens, il faut juste l'amorcer. Cependant, il faut l'approche populaire sur l'aspect partisan, commente Amine, un jeune cadre dans une multinationale automobile. L'Expression: Quand l'idée d'investir le réseau social Facebook a-t-elle germé? Amine Menadi: Le groupe «Algérie pacifique» a été créé au milieu du mois de janvier dernier par une initiative personnelle. Pas pour constituer un collectif mais, c'était pour réagir aux déclarations d'un ministre et certains des dirigeants qui ont traité les jeunes de barbares et de casseurs. On avait organisé le premier rassemblement pacifique le 13 janvier dernier, à Alger plus exactement au niveau de la place du 1er Mai. D'ailleurs, les services de sécurité ont tenté d'empêcher ce regroupement de plus de 350 personnes. Suite à cet événement, les jeunes ayant participé ont adopté les slogans de l'avènement et adhéré aux revendications du collectif «Algérie pacifique» naissant. Ce petit noyau s'est agrandi petit à petit pour atteindre actuellement près de 2000 jeunes internautes avec lesquels on a établi des contacts. On a même tenu un deuxième rassemblement le 15 janvier dernier à la place de la Liberté de la presse en compagnie des artistes. Les membres du groupe sont présents aussi bien en Algérie qu'en Europe comme Paris et Nice et à Montréal au Canada. En plus du groupe et du forum de discussions, un blog sera créé la semaine prochaine. «Algérie pacifique France» a vu aussi le jour et faisait même partie du collectif de soutien à l'initiative de changement. Enfin, on a tenu nos premières réunions et le groupe s'est transformé en mouvement citoyen. Qu'en est-il de votre adhésion à la Coordination pour le changement et la démocratie (Cncd)? Notre parcours a été suivi par quelques organisations qui nous ont contactés pour faire partie de la Cncd. Le RCD nous a même appelés pour le rejoindre dans sa marche. Certes, on a participé à ladite marche mais à titre personnel pas au nom du collectif car le report de la date de la manifestation opéré par le RCD, a coïncidé avec celle de notre rassemblement fixée auparavant. Ensuite c'est le Snapap qui nous a contactés pour faire partie de la coordination. Vu qu'on est avec toute action qui tend vers le changement en Algérie, il était normal qu'on participe et qu'on soit présent. Quelle est la revendication principale du collectif? Notre principale revendication est la rupture avec toutes les composantes du système, y compris les partis politiques qui sont, plus ou moins, des appendices du régime. En rejoignant la Cncd, on s'est dit que même si on n'est pas d'accord sur la forme on le sera sur le fond. On ne peut pas siéger à l'Assemblée populaire nationale et exiger en même temps le changement. Ce fait dérange à l'intérieur et en dehors de la coordination et à terme, cela pourra causer une dissension dans les rangs de la Cncd. On ne demande pas le retrait du RCD, mais on souhaite que ce parti corrige certaines lacunes.