Les troubles qui ont fait suite aux manifestations de la réforme ont engendré morts et blessés au royaume chérifien. Cinq personnes ont trouvé la mort et 128 ont été blessées - dont 115 membres des forces de l'ordre -, hier, lors de troubles ayant suivi les manifestations qui ont eu pour mot d'ordre des changements politiques au Maroc. Quelque 10.000 personnes ont pris part dimanche matin à une marche pour «la démocratie», «la justice et la dignité». Si «la marche tranquille» de dimanche dernier n'augurait pas d'un tel bilan macabre, les observateurs ont vite fini par déchanter en observant que la révolte au Maroc avait pris un tournant sanglant, et se sont donc rendu compte que le royaume chérifien n'était pas à l'abri des troubles qui secouent présentement le Monde arabe. Ainsi, cinq corps calcinés ont été découverts dans une agence bancaire qui a brûlé lors des incidents qui ont suivi les manifestations, dans la ville de Al-Hoceima (nord), selon un bilan communiqué par le ministre marocain de l'Intérieur Taib Cherkaoui. «Les corps calcinés de cinq personnes ont été retrouvés à l'intérieur de l'une des agences bancaires incendiées par les fauteurs de troubles dans la ville d'Al Hoceima» au nord du pays, a indiqué ce responsable. Une enquête est en cours, a ajouté le ministre, précisant que 120 personnes avaient été interpellées suite aux troubles dans une demi-douzaine de villes marocaines. Des mineurs ont été interpellés puis remis à leurs familles. Des milliers de personnes ont manifesté dimanche dans de nombreuses villes du Maroc pour réclamer des réformes politiques et une limitation des pouvoirs du roi, répondant à un appel lancé à l'origine par des jeunes sur Facebook et repris par différentes ONG et organisations. Le ministre de l'Intérieur avait pourtant fait valoir que la «pratique démocratique» du Maroc et le «droit à la liberté d'expression que connaît le pays», ont fait en sorte que ces manifestations (c'est-à-dire celles de dimanche) «se sont déroulées dans un climat pacifique empreint de sérénité et de discipline». Selon le même ministre, quelque 37.000 personnes ont participé à ces rassemblements, soutenus par une vingtaine d'associations des droits de l'homme. Les manifestations ont finalement pris une tournure grave et ont vu les forces de police recourir aux bombes lacrymogènes et aux balles en caoutchouc, a-t-on ajouté de source locale, précisant que le secrétaire local du Parti Annahdj Addimocrati (La Voie démocratique) Azeddine Manjli a été blessé à la tête par des hommes masqués et transporté en urgence à l'hôpital. Ainsi, des troubles ont éclaté après la fin des manifestations dans les villes de Tanger, Tétouan, Larache, Al-Hoceima, dans le nord, Marrakech et Guelmin dans le sud ainsi qu'à Sefrou au centre. Le ministre a attribué ces violences à «des fauteurs de troubles, dont des mineurs et des repris de justice». A Larache, des «fauteurs de trouble», selon lui, ont investi un immeuble des douanes et se sont emparés de drogue et de boissons alcoolisées qui avaient été saisies par les douaniers. M.Cherkaoui a enfin indiqué que 33 édifices publics, 24 agences bancaires, 50 commerces et édifices privés, ainsi que 66 véhicules avaient été incendiés ou endommagés.