Un conflit larvé oppose les responsables libanais aux journalistes maghrébins de cette chaîne de télévision. C'est officiel, 76,54% ont, en effet, voté lundi dernier, en faveur d'une grève générale tandis que 20,40% ont voté contre. Plus d'une centaine de journalistes travaillant au desk arabe de France 24, la chaîne française d'information en continu a voté en faveur d'une grève à une large majorité. Le taux d'abstention a été d'environ 3% tandis que la participation s'élevait à 81,45%. Ce qui a été considéré par les organisateurs de ce débrayage comme un succès de la contestation. Dans le communiqué signé par plusieurs syndicats français comme la Cfdt, CGC, SNJ et encore Force Ouvrière, on découvre l'étendue de la plate-forme des revendications des employés de France 24 Arabic. Elle est à la fois politique et sociale: elle vise notamment la politique de recrutement et de promotion, la politique salariale, l'absence d'entretien annuel, le temps et les conditions de travail, le management et même les conditions de travail du desk Internet arabophone. Mais le plus grand conflit réside dans les relations tendues entre les responsables libanais pour la plupart, et les journalistes maghrébins qui contestent la responsable en place, Naïda Nakkad. Il existe à France 24 Arabic environ 90 employés, une grande majorité vient du Liban et seulement 40 journalistes viennent du Maghreb. Aucun Algérien n'est dans l'encadrement de France 24, alors qu'ils constituent l'ossature de la rédaction de France 24. Naïda Nakkad a même utilisé la concurrence entre Maghrébins pour tenter de minimiser la force des Algériens à l'intérieur de la chaîne. En effet, elle avait installé un rédacteur en chef tunisien, Mansour Tiss, et un autre marocain, Youcef Tsour Ben Tsouri. Ce qui n'a pas calmé les choses. La mise à l'écart des Algériens a relancé la contestation et solidarisé les Maghrébins. Suite à la publication dans le quotidien L'Expression d'un article sur la situation interne dans France 24 Arabic, Naïda Nakkad aurait tiré les couteaux et accusé les employés maghrébins de racisme envers la communauté libanaise. Cette crise intervient mal alors que la chaîne a réalisé d'excellents scores d'audience, notamment au Maghreb, depuis le début des événements en Tunisie, en Egypte et en Libye. A cela s'ajoute la guerre des chefs entre Christine Ockrent et Alain de Pouzilhac. Ce dernier et l'ensemble des managers de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF) et de ses différentes filiales (France 24, RFI, MCD) viennent de rédiger un texte de protestation contre cette action en justice, lancée récemment par Christine Ockrent pour harcèlement moral, en exprimant leur «stupeur et regret» à la lecture de l'entretien de la numéro deux de l'AEF accordé au journal Le Monde et dans lequel celle-ci revient sur l'interminable querelle qui l'oppose aux dirigeants du groupe public.