Les rebelles, en mauvaise posture, réclament la reprise des frappes aériennes internationales, interrompues depuis deux jours. Les Occidentaux semblent à la peine dans leur recherche d'une cohésion internationale sans équivoque destinée à faire chuter Mouamar El Gueddafi. Exil ou non pour le chef d'Etat libyen? Aide militaire ou non aux rebelles de Benghazi? (...) La réunion du groupe de contact de mardi à Londres était destinée à confier à ses membres le «pilotage» stratégique de l'action en Libye, sous le couvert de résolutions de l'ONU et avec l'Otan comme bras armé. En effet, à partir d'aujourd'hui, c'est l'Otan qui prend le relais de toutes les missions militaires. Aussi, dans la déclaration finale publiée à l'issue de la réunion, la Grande-Bretagne, pays hôte, indique que la prochaine réunion du groupe de contact se déroulera au Qatar, mais rien n'est sûr, puisque le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a précisé lors d'une conférence de presse que la suivante aurait lieu en Italie! L'autre point important abordé lors de cette réunion réside dans les discours belliqueux des Etats-Unis, de la France et du Royaume-Uni qui, encore une fois, ont parlé d'une même voix pour dire qu'après d'intenses bombardements, rien n'était acquis et que la guerre devait continuer (...) jusqu'à ce que les objectifs de (l'ONU?) soient atteints, c'est-à-dire que les populations civiles ne soient plus menacées. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a cependant profité de cette occasion pour déclarer que la France était prête à discuter avec ses alliés d'une aide militaire aux rebelles, tout en reconnaissant que cette option n'était effectivement pas prévue par les récentes résolutions de l'ONU. «Je ne l'exclus pas. Mais je ne dis pas non plus que cela va se faire» a répondu le président américain Barack Obama, à la question d'un éventuel armement des rebelles. La Grande-Bretagne elle, «n'exclut pas» de fournir des armes aux rebelles libyens, mais «n'a pas encore pris la décision de le faire», a fini par déclarer hier le Premier ministre britannique, David Cameron, devant le Parlement. Cette question divise sensiblement la communauté internationale. Selon l'Italie, plus de 35 pays les ont rejoints pour ajouter que le noeud du problème était le colonel El Gueddafi et que ce dernier devait quitter le pouvoir, même si cet objectif ne figure nullement dans la résolution de l'ONU. Les moyens d'y arriver font diverger les membres du tout nouveau groupe de contact sur la Libye. Mais pour la majorité écrasante, il n'est pas question d'armer les rebelles. Sur ce point, la Russie estime qu'aucun pays n'a le droit d'armer les rebelles en Libye, a déclaré hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Par ailleurs, la Russie considère qu'il est temps que le dirigeant libyen Mouamar El Gueddafi démissionne et permette au peuple libyen de décider de l'avenir du pays, a réaffirmé M.Lavrov. Sur le terrain, les insurgés libyens ont subi, hier, un nouveau revers face aux forces du dirigeant Mouamar El Gueddafi, qui ont repris le contrôle du terminal pétrolier de Ras Lanouf et progressé vers Brega, forçant des rebelles paniqués à se replier vers l'Est. Selon des sources proches des rebelles, Brega est tombée aux mains de l'armée gouvernementale dans l'après-midi, (une information invérifiable directement). En fin d'après-midi d'hier, la ville d'Ajdabiya, elle-même, continuait à se vider de ses habitants et des derniers journalistes encore présents. Plus à l'ouest, à Misrata, les forces loyales ont mené hier une nouvelle offensive. L'avancée des insurgés, sous-équipés pour faire face à la puissance de feu des loyalistes, a été stoppée ces deux derniers jours par les forces du régime, à la faveur d'une suspension des frappes aériennes internationales dans cette zone.