Le TNA ne désemplit pas. Depuis l'entame de la 6e édition de ce festival, le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi connaît une affluence record. Tous les coins sont occupés. Samedi dernier, dans le hall du TNA se produisait la pièce/lecture en langue française du livre Au Café de Mohammed Dib. Cette qaâda était donnée dans le cadre de «Tlemcen capitale de la culture islamique» sur initiative de l'atelier d'écriture et l'atelier de théâtre de l'association culturelle La Grande maison. Au dernier étage du théâtre et dans une petite salle aménagée, baptisée salle Hadj-Omar se produisait en off (hors compétition) la pièce de théâtre de la compagnie Constantine, El Gamra (l'Etoile) de Milat Salah Eddine. L'histoire a pour arrière-fond historique la tragédie nationale, partant du 5 octobre 1988 à 2110. La pièce de théâtre déroule un pan de notre histoire fragmentée, malmenée et marquée par le sceau du chaos. Elle est déclinée en une suite de tableaux successifs et courts qui illustrent les différents événements phares qu'a connus l'Algérie, telles les élections de 1991 opposant le FLN au FIS, les émeutes du 5 Octobre jusqu'aux manifestations des islamistes. El Gamra met en scène un jeune couple qui tente, tant bien que mal, de survivre au milieu de ce chaos tout en dévoilant leurs rêves et espoirs. «Si tu parles, tu meurs, si tu te tais, tu meurs, alors parle et meurs.» C'est par cette célèbre citation de Tahar Djaout que débute cette pièce où l'on découvre plusieurs antagonistes dont ce journaliste, éveilleur de conscience de tout un peuple. La pièce accompagnée de musique lancinante où l'on reconnaît par moment la voix céleste de la chanteuse israélienne Noah, plaide pour la paix et l'amour contre le discours de la mort et la kalachnikov. Après cette immersion dans ce passé dramatique, les protagonistes de la pièce vont tous se réveiller, à la fin, en 2110 et découvrir un pays où il ne manque rien! Et si ce jour arrivait? Dans un autre registre moins larmoyant, mais comique, truffé de bouffonneries est la pièce Business is Busines de Fouzia Aït El Hadj du Théâtre régional de Tizi Ouzou. Présentée en compétition à la salle Mustapha-Kateb, devant un large public dont le jury, cette pièce met en scène deux couples qui vont être amenés à cohabiter dans une cave d'un immeuble et apprendre à se supporter dans cet espace bien exigu. En vain. De ce désordre cacophonique naît le conflit conjugal. L'harmonie du couple part en vrille des deux côtés. Une tierce personne tentera de ramener la paix au sein de ce désordre social, mais tout s'écroulera comme un château de cartes. Djamila, fille d'une famille aisée, épouse Aïssa et tente de gagner du terrain devant Brahim et son épouse Nadia. Elle décide de leur faire payer l'utilisation de son appareil électroménager vu qu'ils habitent le même toit. Business is business ou quand les lois du marché gagnent le foyer! Drôle, mais marqué de quelque redondance, cette pièce aurait gagné en plus de subtilité. Aussi, la critique théâtrale, son rôle et contribution dans le développement du 4e art ainsi que la relation entre la critique et l'artiste ont été évoqués samedi à la salle El Mougar par des critiques de théâtre. S'exprimant lors du colloque sur la critique théâtrale contemporaine, organisé dans le cadre du 6e Festival national du théâtre professionnel, des journalistes et écrivains spécialisés dans les arts dramatiques, ont mis en avant l'importance de la critique dans l'amélioration de la qualité des oeuvres produites. Prennent part à cette rencontre de trois jours, des dramaturges, critiques de théâtre, écrivains et universitaires algériens et de pays arabes qui tenteront d'apporter des éclairages sur l'évolution de la critique théâtrale dans le Monde arabe. Le programme du Fntp qui se poursuit jusqu'au 7 juin promet d'être des plus riches.