Le nul à domicile face à Porto (2-2), qui hypothèque les chances de Manchester United de conserver sa Ligue des champions, n'est pas arrivé par hasard : impériale il y a un mois, l'équipe anglaise semble à bout de souffle et prend énormément de buts. Sa prise de pouvoir dans le championnat d'Angleterre s'était bâtie sur une défense intraitable, l'attaque étant moins impressionnante que l'an passé : douze buts encaissés en 27 matches de Premier League, trois seulement en huit de Ligue des champions avant les huitièmes de finale. Mais depuis un mois, la digue lâche : en quatre matches, Edwin Van der Sar est allé chercher dix fois le ballon au fond de ses filets. Eprouvés par une saison qui les a vus disputer 53 matches (soit près d'une rencontre tous les quatre jours), les Red Devils accumulent les pépins physiques : Dimitar Berbatov et surtout le défenseur central Rio Ferdinand ont beaucoup manqué face à Porto. Des joueurs essentiels faiblissent, à l'image des arrières Nemanja Vidic et Patrice Evra. Ceux qui seraient susceptibles d'apporter du sang neuf après avoir peu joué (Jonny Evans, John O'Shea ou Gary Neville) n'apparaissent pas à la hauteur. Cette fragilité inédite n'est pas compensée par un regain offensif. L'animation est absente, l'équipe apparaît sans énergie et sans idée. Le joueur de la saison 2007/08, Cristiano Ronaldo, n'est plus au même niveau. Il marque moins, apparaît moins concerné. Sa responsabilité est engagée sur le premier but de Porto: après avoir perdu le ballon au milieu, il n'a pas pris la peine de se replacer pour gêner la remontée de balle portugaise. L'incroyable retournement de situation de dimanche, quand Manchester a battu Aston Villa après avoir été mené jusqu'à la 80e minute (3-2), permet aux champions de garder la main en Premier League où ils restent favoris pour le sacre. Mais il est un faux-semblant : jusqu'à ces dix dernières minutes folles, Villa a largement dominé une équipe atone. Le dernier match plein de Manchester remonte à un mois, en Coupe d'Angleterre sur le terrain de Fulham le 7 mars (4-0). À l'époque, les joueurs se berçaient des commentaires sur leur supposée invincibilité et sur un historique quintuplé à venir (championnat du monde des clubs, coupes nationales, Premier League et Ligue des Champions). Ils sont revenus brutalement sur terre et devront selon toute vraisemblance l'emporter à Porto, exploit jamais réussi par une équipe britannique comme le relevait Alex Ferguson. Pour cela, l'équipe la moins prolifique de la compétition avant les quarts (onze buts), va devoir retrouver sa verve. Les Red Devils en sont capables. À la même période l'an passé, ils avaient connu pareil coup de pompe, avant de se reprendre pour être sacrés à Moscou. Mais c'est leur plus grand défi depuis un an.