Les soirées du Festival culturel européen s'enchaînent, se suivent, mais ne se ressemblent pas. Après le Suédois Stephen Simmonds qui a offert une fusion jazz et même gnaoui, et suite au spectacle de danse décapant du groupe hongrois 4 for Dance, place avant-hier au duo polonais Mizerski. Et pour ce duo, la musique est d'abord une histoire de famille, puisque le contrebassiste Bogdan Mizerski est le père du tromboniste Fryderyk Mizerski. Le duo Mizerski a offert, mardi dernier, au public de la salle Ibn Zeydoun (Oref), un spectacle musical intitulé Imagination, accompagné par une présentation multimédia, comportant des images de paysages naturels magnifiques. Mais la musique du duo Mizerski n'a pas réellement convaincu l'assistance, relativement nombreuse au début du concert, mais au fur et à mesure du spectacle, la moitié de la salle avait déserté. C'est parce que les compositions des Mizerski étaient trop expérimentales : un son nouveau auquel le public algérois, pourtant avide de découvertes et de nouvelles sonorités, n'a pas adhéré. En fait, la musique du duo Mizerski s'articule autour des instruments du père et du fils : la contrebasse et le trombone, qui interprètent leurs compositions sur les airs d'autres instruments enregistrés au préalable. Il y a eu la guitare, la basse, la batterie et même des scratch et d'autres bruits encore plus bizarres comme les cris, ou encore les sons d'animaux. Le moins qu'on puisse dire, c'est que le résultat est un mélange et/ou mixe de plusieurs univers, instruments et bruits de la nature. Pour faire court, on dira que le duo Mizerski est un mélange, pas toujours harmonieux, entre Chris Rhéa, Safy Boutella, Jean-Michel Jarre, la musique électro, classique et même patriotique, accentué par le trombone. Mais, malheureusement, le public décrochait à chaque morceau. Par ailleurs, la salle a offert un autre spectacle encore plus intéressant et plus palpitant, à travers les courses et les jeux improvisés de deux petits anges, grands comme trois pommes ; à travers une photographe qui courrait dans tous les sens, à telle enseigne que sa quête de la pause et de la photo parfaite était comme une sorte de chorégraphie, maîtrisée avec brio. Et à travers également les spectateurs qui ont déserté la salle, ce qui a fait penser au roman La peau de chagrin de Balzac. Pour ce qui est du concert, le nombre de spectateurs se réduisait, et ils ne seront qu'une vingtaine pour applaudir la prestation de 45 minutes du duo Mizerski. Mais c'est, peut-être, cela le but recherché ; peut être qu'Imagination du duo Mizerski est une manière d'user de sa liberté, le temps d'un concert : en quittant la salle, en faisant une petite sieste ou en rêvassant !