Depuis le début de la récente offensive des forces gouvernementales pakistanaises, plus de 1000 talibans ont été tués dans la vallée du Swat et ses environs, selon le ministre de l'Intérieur. Même si elle n'est confirmée par aucune source neutre, l'information est plausible dans la mesure où la région est soumise à d'intenses bombardements depuis trois semaines. Dans la foulée, deux villes importantes, Matta et Kanju, ont été encerclées et investies par l'armée régulière, et leurs populations invitées à quitter les lieux. Depuis dimanche, de violents combats ont aussi été engagés aux alentours de la principale ville de la région, Mingora, où se seraient repliée une importante partie des forces talibanes qui compteraient quelque 4 000 hommes. L'armée avance également dans la zone de Piochar, où se situe la base arrière de Fazlullah, le chef des talibans du Swat. Le contrôle, jusqu'ici, de la vallée par les talibans, qui ont contraint le gouvernement à négocier un accord controversé, a semé l'inquiétude parmi les opinions nationale et internationale, surtout eu égard à la proximité de la capitale Islamabad distante d'à peine une centaine de kilomètres. Les principaux bastions talibans se trouvent cependant dans les zones tribales semi-autonomes qui s'étendent le long de la frontière afghane, particulièrement au Waziristan, où le chef de guerre taliban Baïtullah Mehsud et établi son quartier général. Les avancées des talibans des derniers mois et les différentes offensives militaires ont occasionné le déplacement de près d'un million de civils, dont beaucoup sont installés dans des camps surpeuplés et vivent dans des conditions extrêmement pénibles. C'est au cours d'une visite dans l'un de ces camps que le ministre de l'Intérieur a fait sa déclaration, au cours de laquelle il n'a pas exclu l'élargissement de l'offensive à d'autres régions sous influence talibane. “Nous allons entrer au Waziristan, dans toutes ces régions, avec des opérations militaires. Swat n'est que le début. Il y a une guerre plus vaste à mener”, a indiqué pour sa part le président Asif Ali Zardari, dans une déclaration au Sunday Times. Après les succès inquiétants des talibans qui ont sérieusement posé la question de la sécurité nucléaire pakistanaise, surtout au regard des hésitations du gouvernement qui s'est perdu dans la recherche de compromis dangereux, les autorités d'Islamabad semblent avoir résolument changé de cap. Ce changement radical d'attitude, qui consiste en une guerre totale contre les talibans, est intervenu à la suite du dernier sommet qui a réuni à Washington les présidents américain, pakistanais et afghan. C'est donc la nouvelle stratégie de la Maison-Blanche pour la région qui est mise en action. C'est d'autant plus vrai que l'offensive massive de l'armée pakistanaise et son élargissement aux zones tribales frontalières ne sera pas sans effet sur le terrain militaire en Afghanistan, où les talibans ont repris du poil de la bête depuis quelques mois.