Le Chabab Riadhi de Belouizdad a, certes, remporté la Coupe d'Algérie mais la Palme d'or revient incontestablement au Mouloudia Club d'Alger qui était sous les feux de la rampe le soir même de la finale. Du moins à l'auditorium du Théâtre de Verdure où la citadinité a retrouvé ses lustres d'antan. Grâce à la 6e édition d' El Andaloussiate El Djazaïr qui a témoigné sa reconnaissance au doyen des clubs algériens. En présence, convient-il de souligner, d'une assistance empreinte de majesté et de générosité, émue jusqu'aux larmes par l'heureuse initiative de l'Etablissement Arts et Culture de célébrer le 80e anniversaire du grand maître algérois Mohammed Kheznadji et de rendre un hommage appuyé à l'un des plus grands chantres tlemcéniens, je veux parler de feu Mustapha Belkhodja. Ces deux grands baliseurs du désert avaient ceci de commun : ils étaient tous les deux à issus de l'association de musique classique algéroise Al Hayat dont la création, justement, a été le fait du MCA. Copieusement applaudie par l'assistance, la dimension nationaliste du MCA avait permis en son temps la création de nombreux clubs algériens à l'image de l'USMA ou de la JSK mais aussi l'éclosion, à Alger, de nombreuses associations musicales, parmi lesquelles il est aisé de citer El Mizhar, Al Hayat ou Gharnata. Le siège du vieux club algérien abritait chaque dimanche un concert de musique dite andalouse sous la direction du grand maître Mohammed Benteffahi alors que Hadj M'rizek en faisait autant dans le domaine de la propagation du chaâbi. Le souligner ici, c'est un peu rappeler au bon souvenir de ceux qui ont tendance à vite oublier que, durant la période coloniale, ce club sportif participait du marquage identitaire de la société globale algérienne dans sa volonté de signifier son ancrage culturel et de marquer les différences par rapport aux Européens. Cette attitude est d'abord l'expression d'un patriotisme authentique, fait d'un incontestable amour de la terre des ancêtres et la volonté d'en chasser l'usurpateur étranger. Une attitude qui ne fait que s'ajouter aux autres formes de résistance et de patriotisme que traduisent merveilleusement bien à l'époque la langue vivante, la poésie, les chants patriotiques, le théâtre populaire et la musique. Des moyens d'expression judicieusement utilisés par le Mouloudia Club d'Alger à l'effet d'aiguiser la conscience populaire seule en mesure de juguler, pour ensuite annihiler les effets pervers de l'idéologie dominante. Avec les couleurs, les insignes et les chants qui sont les leurs, les clubs sportifs créés par le Mouloudia vont devenir les espaces où se forge la conscience nationale, le sentiment identitaire. C'est pour cette raison que feu Laâdi Flici soutenait que le sport était une recherche de notre identité culturelle : “Il nous a fait prendre conscience de notre dimension musulmane. Nous étions les vert et rouge, ils étaient les bleu, blanc et rouge.” Capteur du nationalisme, soutiendra dans le même ordre d'idées l'universitaire Youssef Fatès, le sport s'exprime dans un espace approprié, le stade, pendant un temps fort et une expression réelle, le match : “Le football, c'était le djihad avec d'autres moyens…” Comme le dit si bien Norbert Elias, judicieusement cité par la même source, la connaissance du sport est la clé de la connaissance de nos sociétés. Porteur de multiples enjeux, il cristallise un certain nombre de problèmes primordiaux de société qui n'échappent pas à ceux qui ont tenté, ou tentent encore, de déstabiliser le pays. Mais en vain…