La circulaire du ministère de l'Education nationale, diffusée à la fin de l'année scolaire, entendant faire appliquer un règlement relatif à l'uniformité de la couleur du tablier scolaire, dès la prochaine rentrée, fait entretenir la discussion à Batna.Entre ses tenants, qui le jugent démocratique, et ses détracteurs, qui le considèrent comme “une gestion de l'inutile” et une “restriction des libertés de l'individu”, le débat promet d'être vif dans la capitale des Aurès. La circulaire, qui convie les chefs d'établissements à “la généralisation d'une uniformité de la couleur du tablier scolaire”, est faite sienne, presque par la plupart des directeurs des établissements scolaires, interrogés sur le sujet, et de certains parents. Ces interlocuteurs considèrent que le port du tablier et l'uniformité de la couleur est, en même temps, une forme de discipline et une façon d'uniformiser le comportement vestimentaire dans les écoles et de donner le sentiment d'appartenir à un même univers, plus égalitaire, élèves comme enseignants. Certains expliquent même que l'uniforme scolaire vise à créer un sentiment de solidarité au sein d'un groupe défini exclusivement par l'âge et la faculté d'apprentissage et qu'il s'agit pour l'enfant d'un moment privilégié de sa vie, où il peut voir en l'autre un être humain et un égal. “L'uniforme finira par s'imposer dans les établissements scolaires grâce au travail de sensibilisation qui sera entrepris avec les parents et quelques composantes de la société civile”, rassure un directeur d'une école primaire de la ville de Batna. Néanmoins, il y a ceux qui se disent scandalisés par l'uniformité de la couleur du tablier scolaire, parce que, selon eux, la question s'inscrit dans la gestion de l'inutile et non dans le débat de la pédagogie et du contenu du savoir dispensé aux élèves. Ils considèrent même cette uniformité de la couleur du tablier scolaire comme une restriction des libertés de l'individu. “L'explication de l'uniformité de la couleur du tablier scolaire par les disparités sociales semble un peu courte, parce qu'elles sont peu signifiantes au sein de l'école publique algérienne”, explique un parent d'élève. Devant ces divergences d'opinions, les familles démunies ou de couches défavorisées n'ont qu'un seul souci, celui d'où se procurer de l'argent pour acheter les tabliers à leurs enfants, de peur de les voir renvoyer des écoles. “Au lieu de nous aider, ils trouvent les moyens de grever nos bourses insultantes d'une autre charge”, s'écrie une mère de famille, qui explique qu'autrefois les enfants se passaient le linge du grand au petit et que maintenant il faut les habiller de nouveau, à savoir si on arrive à trouver les couleurs demandées. Le coût du tablier n'est effectivement pas négligeable. Le tablier de mauvais choix ne coûte pas moins de 400 DA, qu'il faut multiplier par deux puisque l'élève doit avoir au moins deux tenues pour pouvoir se changer.