La grande salle polyvalente, annexe de l'APC d'El-Atteuf, à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya de Ghardaïa, s'est avérée avant-hier bien exiguë pour contenir l'immense foule, estimée à plus de 1 500 personnes, venues assister au rassemblement des parents d'élèves. Cette rencontre a été organisée conjointement par les notables (aâyanes) de la commune et deux associations de parents d'élèves, celle du lycée de la commune et celle du CEM Cheikh-El-Garadi, désigné par les autorités locales comme réceptacle de plus de 480 lycéens en sus de ses effectifs dépassant 600 collégiens. Cette réunion a pour objectif, selon ses initiateurs, “d'arrêter une conduite à tenir face à l'intransigeance des autorités locales qui maintiennent, et ce, en dépit du bon sens, leur décision de fermer le lycée Abi-Abdallah au motif que celui-ci est situé sur une zone inondable et de transférer les élèves, estimés à plus de 480, vers le CEM Cheikh-El-Garadi, accueillant déjà plus de 600 collégiens situé juste à côté et qui a été endommagé lui aussi lors des inondations du 1er octobre 2008”. Ajoutant que “de deux choses l'une : ou cette infrastructure construite par les pouvoirs publics est réellement érigée dans un endroit dangereux, ce qui signifie que nos enfants ont été exposés au danger, et là il va falloir rendre des comptes, ou bien c'est une bâtisse comme toutes les bâtisses construites à flanc d'oued, et qui forcément a été endommagée comme d'autres infrastructures, lesquelles, après quelques réfections, ont repris leurs activités le plus normalement du monde”, assène M. Hadj Mahamed, le président des notables de la ville d'El-Atteuf. Celui-ci affirme que “nos enfants n'iront nulle part en dehors de leur lycée habituel, avant la construction d'un autre qui sera implanté à Cherfa”. Il rejette l'intransigeance des autorités locales qui maintiennent leur décision de transférer les lycéens (objet du bras de fer entre la wilaya de Ghardaïa et la Direction de l'éducation, d'une part, et l'association des parents d'élèves et des notables de la région, d'autre part), sans qu'aucune infrastructure d'accueil adéquate n'ait été prévue. En outre, il s'interroge sur le retard important mis pour au moins préparer quelques commodités dans la structure désignée comme réceptacle. “Pourquoi aucune réponse n'a été réservée à la correspondance adressée, au nom de la population d'El-Atteuf (notables et associations de parents d'élèves) par le P/APC d'El-Atteuf au ministère de l'Eduction en date du 14/07/2009, suivie le 29/07/2009 d'un PV de constat des lieux sollicitant l'utilisation de la structure du lycée après sa protection contre les crues et quelques menus travaux de réfection ?” Les parents d'élèves, qui ont pris le micro pour dénoncer le peu de considération des autorités au problème évident de leurs enfants, soutiennent la démarche et les décisions qui ont été prises lors de cette assemblée et sont même prêts à déclarer l'année blanche pour tous les paliers, et même à retirer leurs enfants du primaire. D'autres sont allés jusqu'à demander l'organisation de journées de grève générale en associant les commerçants pour en faire une ville morte afin de faire bouger les autorités et les contraindre à reconsidérer leur attitude ou tout au moins daigner les écouter pour trouver ensemble une solution. “Nous ne sommes pas des gens violents, et dans cette salle, il y a des parents d'élèves originaires de toutes les régions d'Algérie qui ne demandent qu'une solution pour éviter la déperdition de leurs enfants. Si, quelque part, on attend de nous qu'on barre les routes avec des pneus enflammés, c'est mal nous connaître, nous n'avons pas été nourris de la culture de la violence”. À ce moment-là, un jeune lycéen s'avance ému et lâche au micro : “Pourquoi on veut nous sacrifier ? Pourtant, on ne demande que le strict minimum et personne ne veut nous écouter. Est-ce que ces responsables ne savent accourir que lorsque des gens déclenchent des émeutes, comme cela s'est produit dernièrement dans l'une des communes de la wilaya et où les autorités se sont empressées d'aller les écouter ? Nous appuyons les décisions prises par nos représentants et sommes prêts à consentir une année blanche.” Rappelons que le CEM Cheikh-Slimane est toujours fermé, ses pensionnaires refusant par solidarité avec leurs camarades de la ville de reprendre les cours tant que ceux-ci n'ont pas été “réinstallés” dans leur lycée. L. KACHEMAD