Hier, toute la ville de Boghni (40 km au sud de Tizi Ouzou) a été paralysée par des actions de protestation menées par des centaines de citoyens venus des Ath Kouffi, Ath Mendès et autres localités environnantes pour exiger la libération immédiate de l'ex-entrepreneur, octogénaire, enlevé par un groupe armé dans la nuit de lundi à mardi derniers alors qu'il rentrait chez lui. Ces actions ont été précédées avant-hier par un rassemblement devant la maison du malheureux otage, toujours entre les mains de ses ravisseurs qui veulent soustraire à sa famille une rançon. Tout Boghni était hier une ville morte, et au fil des heures, tout le monde adhérait au mouvement de dénonciation. Tous les magasins y ont baissé rideau et les administrations publiques sont restées fermées en signe de solidarité avec la famille du vieil otage. Une immense procession de personnes a ensuite improvisé une marche pacifique depuis le centre-ville jusqu'au siège de la daïra. À ce niveau, les marcheurs ont ensuite organisé un sit-in, pendant qu'une délégation du comité de village d'Ath Kouffi a été reçue par le chef de daïra. Sur les affiches placardées sur les murs de la ville, les villageois d'Ath Kouffi appellent les ravisseurs à libérer, sans conditions, leur concitoyen (H. A.), une personne vulnérable en raison de son âge avancé et pas du tout fortuné comme ils le croient. L'ensemble des villageois se disent déterminés à entreprendre d'autres actions plus radicales si le vieux villageois n'est pas libéré sous peu sain et sauf. “Nous n'acceptons pas que des citoyens fassent l'objet de ce genre d'acte. Nous sommes tous unis pour défendre l'honneur de nos villages. Si des gens veulent de l'argent facile, qu'ils aillent le chercher ailleurs, pas sur le dos de paisibles personnes”, nous dira en substance un participant au rassemblement. Pour rappel, cette action de solidarité organisée à Boghni est la deuxième du genre après celle de l'an dernier menée par les habitants du village Ath Ali, avant d'obtenir la libération du jeune commerçant kidnappé sur la route de Bounouh. Devant ce genre d'action utilisée par des individus armés, les citoyens parlent désormais de la constitution d'une fédération de comités de village afin d'éviter à l'avenir ce genre d'acte et pour combattre le phénomène des kidnappings qui prend de l'ampleur en Kabylie où pas moins d'une soixantaine de personnes ont été enlevées, et libérées en contrepartie du versement de rançons colossales aux ravisseurs.