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Les amateurs corrigent les professionnels ! ALORS QUE LES THEÂTRES REGIONAUX DEÇOIVENT AU FNTP, LA COOPERATIVE ETTAJ DE BORDJ BOU-ARRERIDJ CREE LA SURPRISE
Même si le spectacle n'est pas captivant de bout en bout, la Marelle est une belle leçon de théâtre qui permet d'affirmer, encore une fois, que ce sont les amateurs qui sont les plus créatifs. La compétition du Festival national du théâtre professionnel se poursuit, mais les représentations sont toutes décevantes. Toutes ? Non. Il y a eu, avant-hier, une hirondelle qui n'a pas fait le printemps, mais qui a ramené un peu de soleil. Cette hirondelle c'est la coopérative Ettaj de Bordj Bou-Arréridj, qui a remporté le Grand Prix au Festival régional du théâtre professionnel de Annaba et qui concourt dans la compétition officielle du FNTP. Mais avant le rai de lumière proposé par la coopérative Ettaj avec sa pièce la Marelle, vendredi passé, le Théâtre régional de Tizi Ouzou a présenté le spectacle Si Partuf, une adaptation de Mohia, d'après l'œuvre universellement célèbre Tartuffe de Molière. Cette satire sociale qui traite des faux dévots, de ceux qui se cachent bien souvent derrière la religion pour accomplir leurs impostures, a été mise en scène pour le compte du TRT par Ahmed Khoudi, qui proposé une vision classique du chef-d'œuvre de Molière. Adaptée au contexte algérien et présentée intégralement en langue kabyle, Si Partuf est un vaudeville grotesque. Mais la caricature et la vision grotesque n'ont aucunement été justifiées. Le metteur en scène a, certes, bien utilisé l'espace scénique mais, après tout, c'est Tartuffe et c'est Molière ! Certains comédiens ont confondu tout au long du spectacle entre rythme et précipitation, entre dire un texte et le réciter, entre incarner et jouer, entre hausser le ton et crier… L'effet de surprise n'existe quasiment pas dans cette pièce et tout est organisé selon une chronologie assommante. De plus, il y a une réelle confusion entre scénographie et décor, mais ceci n'est pas spécifique à Si Partuf puisque ce constat est général à toutes les représentations. Quant à la coopérative Ettaj, sa pièce la Marelle nous a tenu en haleine, même si parfois le rythme baissait d'un cran, en raison du manque d'expérience de certains comédiens. La Marelle, c'est l'histoire d'un roi qui méprise son peuple, qui est craint, mais qui ne sait rien de ce qui se passe dans son royaume. Ses enfants convoitent son titre et complotent pour l'empoisonner le jour de la fête nationale. La Marelle joue sur les nuances et met au centre de l'action le comédien. Et rien que le comédien ! Rabie Guichi, qui s'est coiffé de la double casquette de metteur en scène et comédien, a proposé une vision grotesque, pleine d'audace et largement justifiée. La Marelle est un texte d'Omar Cherrouk, qui propose avec celui-ci une réflexion qui ne se complète qu'après la représentation du spectacle sur la nature humaine, sa soif du pouvoir, ses vices et ses travers. Même si le rythme traînait parfois en longueur, l'humour était toujours au rendez-vous pour accrocher les spectateurs. Bien que bénéficiant de peu de moyens, la coopérative Ettaj a mis le paquet sur le décor et le metteur en scène a partagé la scène en deux, avec une barrière invisible qui a permis d'ouvrir de nouvelles perspectives scéniques. Dans la réception, ceci a permis au spectateur de voir le côté jardin du palais ; ce qui se passe dans les coulisses du royaume. À présent, Sonia Mekiou n'est plus la seule candidate sérieuse de la cinquième édition du FNTP. Par ailleurs, à la moitié du parcours, nous avons déjà constaté qu'outre la totale disparition de l'auteur de théâtre, les scénographes ont perdu l'inspiration puisqu'ils confondent décor et scénographie, et les metteurs en scène conjuguent au passé, en proposant des visions surannées.