Les Etats-Unis, toujours largement les premiers en termes de dépenses militaires, ont investi 661 milliards dans ce secteur l'an dernier, soit 47 milliards de plus qu'en 2008. Les dépenses militaires mondiales ont atteint de nouveaux records en 2009 sans connaître l'effet de la crise économique, tirées par les Etats-Unis où le changement d'administration n'a pu renverser les tendances, selon un rapport publié hier par le Sipri. Au cours de l'année écoulée, le monde a consacré 1 531 milliards de dollars (1 244 milliards d'euros) au secteur militaire, soit à prix constant une augmentation de 5,9% par rapport à 2008 et de 49% par rapport à 2000, écrit l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm. “De nombreux pays ont augmenté leurs dépenses publiques globales en 2009 afin de soutenir la demande et combattre la récession. Même si les dépenses militaires ne faisaient généralement pas partie des stimuli économiques, elles n'ont pas été non plus coupées”, commente le responsable au Sipri de la recherche sur les dépenses militaires, Sam Perlo-Freeman. L'Institut a constaté une hausse des dépenses militaires dans 65% des pays pour lesquels il a pu se procurer des chiffres. Les Etats-Unis, toujours largement les premiers en termes de dépenses militaires, ont investi 661 milliards dans ce secteur l'an dernier, soit 47 milliards de plus qu'en 2008. L'augmentation américaine représente plus de la moitié (54%) de la progression planétaire, souligne le Sipri. Ne disposant pas du chiffre officiel pour la Chine, l'institut avance une estimation de 100 milliards de dollars. La France est troisième de ce classement avec 63,9 milliards de dollars. “Les chiffres démontrent aussi que pour les grandes ou moyennes puissances, comme les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l'Inde et le Brésil, les dépenses militaires constituent un choix stratégique à long terme auquel ils s'attachent, même en période de difficultés économiques”, selon M. Perlo-Freeman. Une partie des dépenses militaires 2009 sont liées aux “opérations de maintien de la paix”, notamment en Afghanistan, qui ont augmenté en termes de personnel et de coûts pour, elles aussi, atteindre de nouveaux records, selon le Sipri. Au total, 54 de ces opérations de maintien de la paix se sont déroulées dans le monde au cours de l'année passée pour “un coût connu” et jamais atteint jusque-là de 9,1 milliards de dollars (7,4 milliards d'euros). En termes de personnel, les Etats-Unis auront déployé 219 278 personnes (89% de militaires et 11% de civils), en augmentation de 16% par rapport à 2008, souligne l'institut. “Cette augmentation est liée aux renforcements des troupes sur des théâtres d'opérations de maintien de la paix déjà existants, le plus significativement dans le cadre de la Force internationale de l'OTAN en Afghanistan (Isaf)”, d'après le rapport. Les Etats-Unis ont “plus que doublé” leur présence en Afghanistan l'année dernière et les dépenses américaines dans ce pays vont dépasser en 2010 celles prévues pour l'Irak, avec respectivement 65 milliards de dollars et 61 milliards prévus dans la proposition de budget 2010, souligne le Sipri. Mais, malgré les efforts de la communauté internationale et du gouvernement afghan pour favoriser un dialogue avec les talibans, à moins que ces derniers “ne jugent que leur position se fragilise, il est peu probable qu'ils se joignent complètement à un processus de règlement politique”, estime le chercheur Tim Foxley. Les dépenses opérationnelles ont par ailleurs concerné la lutte contre le terrorisme et la drogue, note le rapport. Enfin, le Sipri estime à 8 100 le nombre de têtes nucléaires opérationnelles détenues en 2009 par les huit puissances nucléaires (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France, Inde, Pakistan et Israël). Sur ce nombre, “près de 2 000 étaient maintenues en état d'alerte avancé et pouvaient être lancées en quelques minutes”.