La belle prestation de la JS Kabylie, qui a osé damer le pion dimanche soir aux Egyptiens dans leur temple habituel du Cairo Stadium, a été fêtée comme il se doit à Tizi Ouzou et un peu partout en Kabylie. Si les rues de Tizi Ouzou étaient particulièrement désertes lors du déroulement de la rencontre, ils étaient des milliers de fans à laisser éclater leur joie et leur bonheur dès le coup de sifflet final de cet arbitre zambien qui, pourtant, n'a pas dérogé à la règle de l'arbitrage maison, si chère aux referees africains, et qui a tout fait pour avantager le mythique Al-Ahly. Des cortèges et des concerts de klaxon ont déchiré hystériquement cette nuit estivale et ramadhanesque pour rendre un vibrant hommage à ces vaillants Canaris qui ont osé défier le grand Al-Ahly dans son propre fief du Cairo Stadium plein comme un œuf du fait qu'ils étaient bien quelque 80 000 supporters acharnés et visiblement convaincus de la victoire du onze cairote constellé de vedettes et d'internationaux. Et si la fête s'était prolongée jusqu'à l'aube à Tizi Ouzou, chef-lieu de wilaya, avec la même effervescence que celle vécue dans plusieurs autres localités de Kabylie et de toute l'Algérie profonde, les joueurs et les dirigeants de la JSK auront vécu, eux aussi, une soirée mémorable dans la capitale égyptienne, eux qui venaient de terrasser le grand favori de cette Ligue des champions, le prestigieux Al-Ahly qu'ils avaient mis à genou deux semaines auparavant à Tizi Ouzou comme pour confirmer le fameux “signe indien” imposé depuis quelque temps par les footballeurs algériens à leurs homologues égyptiens. Il est vrai que les Canaris avaient promis de réussir une grosse performance au Cairo Stadium et ils ont fini par tenir promesse dans des conditions de jeu très difficiles car il fallait avoir du cœur et du nif pour faire face aux raids dévastateurs des Ahlaouis portés par tout un peuple en folie et, surtout, subir la loi et l'excès de zèle d'un arbitre zambien visiblement acquis aux locaux, ce qui est une évidence en terre égyptienne. Ceci dit, après avoir réalisé leur exploit retentissant, l'équipe de la JSK a fait l'objet de quelques scènes de violence, de menaces et d'insultes émanant de joueurs et d'officiels à l'entrée du tunnel menant vers les vestiaires mais sans gravité particulière, les dirigeants kabyles ayant mis tout cela sur la déception d'après-match des Egyptiens, pas toujours habitués à subir des affronts de la sorte sur leur propre sol. Dès le coup de sifflet final, nous avons pu prendre attache au téléphone avec le président de la JSK, Mohand-Chérif Hannachi, qui a tenu à rassurer les supporters algériens sur la tournure des évènements. “C'est vrai qu'il y a eu un peu d'hostilité à l'entrée des vestiaires mais sans trop de gravité. Ce sont là des scènes bien connues dans les stades africains mais il faut être franc pour dire que nous sommes en sécurité dans les vestiaires et notre bus est stationné devant les vestiaires sous haute surveillance policière”, nous a déclaré, au moment des faits, le président Hannachi, visiblement, rassuré par la bonne tournure des évènements et, surtout, fier de la prestation de ses poulains. “Ce n'était pas facile de tenir tête au Al-Ahly dans de telles conditions de jeu, croyez-moi. Vous avez en face une équipe truffée de joueurs internationaux qui constituent l'ossature de l'équipe nationale d'Egypte, championne d'Afrique des nations 2010. Vous jouez dans un stade qui ressemble à un volcan avec quelque 80 000 spectateurs hystériques et, de grâce, vous tombez sur un arbitre malhonnête qui a tout fait pour nous abattre en sifflant à sens unique, en nous infligeant une multitude de cartons jaunes et un rouge après 40' de jeu, tout en nous privant de deux penalties flagrants, sans oublier qu'il a rallongé la partie de sept minutes de jeu alors que son quatrième arbitre n'avait affiché que quatre minutes de temps additionnel”, dira, après coup, le président de la JSK. “Dans de telles circonstances, heureusement que la JSK possède une grande expérience internationale et je félicite tous nos joueurs et notre staff technique qui ont riposté, héroïquement, à toutes les tentatives de déstabilisation, et qui ont honoré une fois de plus tout le football algérien. En jouant au Caire, nous étions conscients de l'importance de notre mission d'ambassadeur du football algérien et c'est pour cela que nous dédions cet exploit à tout le peuple algérien qui, selon les échos qui nous sont parvenus, a fêté cet évènement dans toutes les villes et les contrées d'Algérie. C'est pour cela que nous sommes fiers d'avoir donné tant de bonheur et de fierté à des millions d'Algériens. Les clubs algériens sont capables de rivaliser avec les meilleurs en Afrique pour peu qu'ils soient suffisamment aidés par les pouvoirs publics. C'est aussi une preuve que les joueurs locaux sont aussi capables de relever des défis à l'échelle internationale à l'image de Tedjar, par exemple, qui a sa place en équipe nationale”, conclut Hannachi, dont l'équipe devait décoller hier de l'aéroport international du Caire, vers 16h, et devait atterrir à l'aéroport international Houari-Boumediene après le f'tour, vers 20h30, plus précisément.