Jamais de mémoire de Kabyle, on n'avait vu une telle hystérie dans les villes et les villages de Kabylie, et il n'y a certainement que le football, sport roi par excellence et véritable opium des peuples qui est capable d'engendrer une telle hystérie collective. dès le coup de sifflet final de l'excellent arbitre seychellois Eric Maillet, toute la Kabylie a littéralement explosé comme un seul homme et tout le Djurdjura aura rugi de bonheur et de fierté pour saluer tel qu'il se doit cet exploit historique de nos vaillants Fennecs qui sont allés défier sur les rives du Nil bleu ces maudits Pharaons qui ont usé de tous les coups bas quelques jours auparavant dans le chaudron bien connu du Cairo Stadium, pour tendre un véritable traquenard pour tomber finalement sous la loi sacrée du sport et de la loyauté. En fait, il faut bien admettre que les citoyens de Kabylie étaient optimistes comme ils ne l'ont jamais été puisque des milliers de supporters et de supportrices déchaînés et parés des couleurs nationales ont défilé durant toute la journée sur la grande avenue Abane-Ramdane et la rue Lamali-Ahmed menant du centre-ville de Tizi Ouzou vers le stade du 1er-Novembre. Et à une heure du coup d'envoi de la rencontre tant attendue, il était pratiquement impossible de circuler en voiture et même à pied tant la foule était compacte et euphorique. Et si les rues de Tizi Ouzou sont habituellement désertées avant les débuts de match, il n'en fut rien car les écrans géants installés ici et là dans les quartiers populeux du Mondial, du Bâtiment bleu, de la cité CNEP et de la Nouvelle-Ville avaient réussi à planter le décor et l'ambiance du lointain Stadium d'El- Merrikh. C'est dire que la ville des Genêts, tout comme les lointaines contrées de Kabylie s'étaient préparées pour une fête grandiose comme si rien ne pouvait arrêter cette merveilleuse équipe algérienne conquérante et orgueilleuse comme ses devancières de 1982 et 1986. Et mon Dieu, ce que la soirée fut longue et pleine d'ivresse et de communion puisque les citoyens et les citoyennes de tout âge sont descendus dans la rue pour partager de tels moments de gloire et d'histoire. “On se croirait en 1962 et la fête de l'indépendance où tout le peuple algérien est sorti comme un seul homme dans la rue pour se laisser aller à une joie indescriptible”, nous dira un homme âgé qui venait de rajeunir de plusieurs décennies et de se rappeler avec beaucoup de nostalgie la période folle d'après-indépendance. “Dieu était avec nous car la triche et la magouille ne payent jamais et les Egyptiens l'ont appris à leurs dépens”, nous dira encore un père de famille accompagné de son rejeton qui était bien difficile à contenir tant sa joie était débordante. “Allahou Akbar !” devait-on entendre au rond-point du Djurdjura où des milliers de supporters, qui ne manquaient pas d'imagination, avaient simulé un cortège funèbre transportant à bout de bras un semblant de cercueil aux couleurs égyptiennes comme pour enterrer définitivement le rêve fou des Pharaons de coiffer nos Fennecs sur le chemin du Mondial sud-africain, sur le sacré sol de Nelson Mandela. Et si tout Tizi a eu bien du mal à fermer les yeux durant toute cette nuit d'extase et d'allégresse, d'autres localités tout aussi chaudes telles que Draâ Ben-Khedda, Azazga, Larbaâ Nath Irathen, Aïn El-Hammam, Tigzirt et Draâ El-Mizan pour ne citer que celles-là ont répercuté les échos des montagnes de Kabylie, alors que la ville toute proche de Bordj-Ménaïel aura fêté tel qu'il se doit son digne fils, le gardien de but Fawzi Chaouchi, qui aura été le héros de la soirée même si tous les autres joueurs algériens, et à leur tête le buteur providentiel Antar Yahia, méritent tous les éloges.