Mais les chevaliers de la foi qui ont orchestré ce procès, celui de Béjaïa il y a une semaine, celui de Biskra il y a un peu plus d'une année et de façon plus générale toute cette compagne d'intolérance à irruptions cycliques, sont en train de sous-traiter le projet politique intégriste dont le tenants patentés peuvent, aujourd'hui, dormir sur les deux oreilles, après avoir échoué de l'imposer en ayant opté pour la violence terroriste. Ce qui s'est passé hier au tribunal de Aïn El-Hammam n'est que la parodie d'une justice en phase de “bigotisation” avancée. Car au-delà de son caractère burlesque qui prêterait à rire, n'était-ce le fond dramatique du problème, ce procès et c'est le cas de le dire ici, nous apporte surtout la preuve d'un troisième pouvoir au service de l'idéologie de l'inquisition. Trois années de prison ferme requises par le procureur pour un délit qui n'existe même pas dans le code pénal algérien ! Quel abus ! En effet, il n'est nulle part dit que c'est porter atteinte à la loi le fait de déjeuner en plein mois de Ramadhan. Et c'est d'autant plus incompréhensible s'agissant du cas de ces deux jeunes ouvriers qui assument et revendiquent leur appartenance à la religion chrétienne. La loi islamique aux yeux de la chari'a elle-même ne devant s'appliquer qu'aux musulmans. Notre Constitution consacre bien la liberté de conscience ? Quelle honte pour la justice algérienne. Mais les chevaliers de la foi qui ont orchestré ce procès, celui de Béjaïa il y a une semaine, celui de Biskra il y a un peu plus d'une année, et de façon plus générale toute cette compagne d'intolérance à irruptions cycliques, sont en train de sous-traiter le projet politique intégriste dont les tenants patentés peuvent, aujourd'hui, dormir sur les deux oreilles, après avoir échoué de l'imposer en ayant opté pour la violence terroriste. “On s'en occupe”, semblent-ils leur dire. Hélas ! Mille fois hélas ! Le zèle de ces faux dévots qui embringuent l'appareil judiciaire dans des actions aussi douteuses que ces procès en sorcellerie font mal à l'Algérie. Ils en donnent l'image d'un pays qui se ringardise, d'un pays d'intolérance, d'un pays en panne d'espérance. Et nous le payons d'ailleurs rubis sur l'ongle, puisque nous figurons en bonne place sur toutes les blacks lists. Faut-il après cela s'étonner qu'une certaine islamophobie se développe en Occident ? Non et non ! La justice algérienne a autre chose à faire que de se braquer sur des épiphénomènes anecdotiques. La corruption, les atteintes quotidiennes aux droits de l'Homme, la violence sont autant d'écuries d'Augias qu'elle doit nettoyer. À moins que le fait de se mettre “en odeur de sainteté” pour donner des gages aux islamo-conservateurs ne soit un aveu de son impuissance à dire la justice. La vraie.