La ville d'Annaba accueillera, les 11, 12 et 13 décembre, la septième édition de ce festival itinérant, organisé annuellement par le Cnrpah. Il sera question de l'œuvre de l'éminent savant algérien, Abou Abbas Ahmed Ibnou Ali Al-Bûnî, “le plus grand alchimiste de l'islam”. Le Festival international Soufisme, culture et musique s'intéresse, cette année, à la portée pratique du soufisme dans le cadre d'un colloque international, qui aura lieu les 11, 12 et 13 décembre à la salle de conférences de l'hôtel Sabri d'Annaba, sous le haut patronage de la ministre de la Culture et du wali d'Annaba. Organisé annuellement par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), vingt-deux pays (Algérie, Allemagne, Azerbaïdjan, Bulgarie, France, Inde, Iran, Italie, Japon, Jordanie, Kazakhstan, Liban, Macédoine, Maroc, Ouzbékistan, Russie, Suisse, Syrie, Tadjikistan, Tunisie, Turquie, Yémen) participent à cet évènement qui s'intéresse cette année à la pensée d'Abou Abbas Ahmed Al Bûnî, un éminent savant qui naquit à Annaba et qui vécut au XIe siècle. “Il est né à Annaba. Après plusieurs voyages (Tunisie, Alexandrie, Le Caire, La Mecque, Jérusalem, Damas, où il a rencontré le savant Ibnou Assaker), Bagdad, il est retourné en Tunisie (ou l'Egypte) où il mourut. Il a écrit environs quarante ouvrages, mais ses œuvres les plus connues sont Chams el maâref el koubra et Yanabiê el hikma. Ahmed Al-Bûnî s'est intéressé à plusieurs sciences, dont la chimie, l'astronomie, le houroufisme et l'alchimie”, fait remarquer le Dr Zaïm Khenchelaoui, le coordinateur scientifique du colloque. Et d'ajouter : “C'est le plus grand alchimiste de l'islam et un grand soufi qui est connu dans le monde entier. Mais, hélas ! son ouvrage le plus connu, Chams el maâref el koubra, n'a jamais été édité en Algérie. Il a aussi montré comment construire des carrés magiques composés de nombres entiers généralement distincts, écrits sous la forme d'un tableau carré.” Outre l'important apport de cet homme à la pensée arabo-musulmane et même universelle, il sera question, durant les trois jours du colloque, de l'étude de la problématique de l'Homo Universalis dans le soufisme opératif. “Ce colloque est une rencontre entre académiciens qui réfléchissent sur le soufisme. Nous insistons sur la rigueur scientifique”, explique notre interlocuteur, qui n'ignore évidemment pas que la rigueur scientifique est l'éternel reproche qu'on fait au soufisme. Par ailleurs, l'alchimie est le thème central de ce colloque, mais pas l'alchimie qui consiste à transformer les métaux en or, plutôt l'alchimie qui tend à atteindre une certaine perfection dans le comportement, et à devenir un homme universel. Un homme qui deviendrait lui-même la pierre philosophale. “C'est un travail intérieur, psychologique, spirituel et initiatique”, estime M. Khenchelaoui. L'alchimie telle qu'elle est abordée par Al-Bûnî est la relation qu'entretient l'homme avec Dieu ; une manière pour l'homme d'atteindre une perfection qui le rapprocherait davantage de son créateur. “L'émir Abdelkader consacre, dans Kitab el maouaqef, une partie à l'alchimie et dit que ce n'est pas le fait de transformer la terre en or, mais tout un travail sur soi ; un travail intérieur”, a-t-il signalé. Car “le soufisme est le fait de comprendre les choses de manière plus profonde. C'est la conscience même de la pratique religieuse”. Al-Bûnî est un personnage fascinant certes, mais c'est sa symbolique qui importe le plus pour les organisateurs de ce colloque qui développera la pensée d'Al-Bûnî, surnommé par ses contemporains Kindy Ez-Zaman.