Onze familles d'enseignants en retraite ont été expulsées des logements de fonction qu'elles occupaient depuis plusieurs années. En réaction, elles ont procédé, avant-hier matin, à la fermeture de la RN26 au niveau d'Ouzellaguène, 60 kilomètres à l'ouest de Béjaïa, au grand dam des usagers de la route. En effet, au moment où des éléments de la sûreté de daïra d'Ifri-Ouzellaguène, accompagnés d'un huissier de justice, allaient leur intimer l'ordre de quitter les lieux, les membres des familles menacées d'expulsion, jeunes et moins jeunes, se sont donné le mot pour descendre dans la rue, en guise de rejet d'une telle décision. Ainsi, la RN26 sera coupée à la circulation de 10h jusqu'au début de l'après-midi, vers 13h30, provoquant des bouchons monstres sur plusieurs kilomètres, sur les deux sens de la chaussée. Les usagers de cette voie de communication à grande circulation ont été d'ailleurs contraints de contourner ce passage en empruntant le chemin de la ZAC de Taharacht menant vers Seddouk pour rejoindre finalement la RN26 au niveau de la localité de Takrietz. La route ne sera dégagée qu'après l'engagement du chef de daïra d'Ouzellaguène quant à la “suspension provisoire” de la mise en exécution de l'arrêt d'expulsion décidé par la chambre administrative du tribunal d'Akbou. Pour rappel, la décision d'expulsion a été rendue par la justice, le 2 novembre dernier, à la suite d'une plainte en référé déposée par l'APC d'Ouzellaguène contre ces retraités de l'éducation nationale “qui occupent, depuis plus de 40 ans”, pour certains d'entre eux, des logements de fonctions réalisés, faut-il le signaler, par la même commune au profit des fonctionnaires du secteur de l'éducation. La première tentative de mise à exécution de cet arrêté d'expulsion a eu lieu, mercredi dernier, lorsqu'un huissier de justice, accompagné de quelques policiers et de l'avocate de l'APC d'Ouzellaguène, s'est présenté auprès des familles concernées pour leur signifier le titre exécutoire ordonnant leur expulsion pure et simple. Devant la résistance des familles mises en demeure de vider les lieux, l'auxiliaire de justice chargé d'exécuter l'arrêté d'expulsion a fini par temporiser, en leur accordant un sursis de trois jours qui leur permettra d'évacuer les lieux. N'ayant pas où aller, les familles mises en cause n'ont d'autre choix que de contester une telle décision jugée “arbitraire”, d'autant plus qu'elle intervient en pleine saison hivernale. “Nous ne comprenons pas cette injustice. Le P/APC d'Ouzellaguène, qui nous a poursuivis en justice, n'a même pas daigné surseoir à l'exécution de cette décision d'expulsion qui s'abat sur nous tel l'épée de Damoclès. Et pourtant, nous habitons en dehors de l'établissement scolaire depuis de longues années. Ces enseignants en retraite ont consacré toute leur vie au secteur de l'éducation, et voilà la récompense”, s'indigne le jeune Kamel Ferkane, l'un des membres des familles menacées d'expulsion. Et d'enchaîner : “Qu'ils nous disent où nous allons loger, s'ils veulent vraiment nous faire déguerpir. Nous n'allons pas nous taire de toutes les manières, car nous refusons de passer l'hiver à la belle étoile avec nos familles.” Notons, enfin, que ces familles de retraités de l'éducation ne comptent pas baisser les bras, puisqu'elles se disent mobilisées à recourir à toute forme de protestation afin de préserver leurs toits, quitte à descendre dans la rue. Pour le moment, elles se contentent de saisir par écrit toutes les autorités concernées, dont le wali de Béjaïa, en demandant leur intervention en vue de surseoir à cette décision d'expulsion qui pourrait mettre le feu aux poudres, en poussant ces paisibles citoyens à la révolte.