WikiLeaks a dévoilé que des régimes arabes sont favorables pour “couper la tête du serpent iranien”. Le Times britannique en rajoute une couche : Téhéran a libéré des chefs d'Al-Qaïda pour booster la nébuleuse terroriste en Afghanistan et au Pakistan… La machine de guerre contre Téhéran serait-elle en marche ? Après l'approbation par de nombreux régimes arabes d'une telle aventure, révélée par WikiLeaks, voilà qu'il est fait état de la libération par les autorités iraniennes de plusieurs hauts responsables d'Al-Qaïda jusque-là en détention dans leurs geôles. Afin qu'ils rebâtissent l'organisation islamiste de Ben Laden à la frontière de l'Afghanistan et du Pakistan, précise le Times. Citant des officiels pakistanais et du Moyen-Orient s'exprimant sous couvert d'anonymat, le quotidien britannique affirme que les autorités iraniennes fournissent une aide discrète aux activistes d'Al-Qaïda dans leur combat contre les troupes de l'Otan en Afghanistan voisin. Un haut responsable du renseignement pakistanais a précisé au journal que l'opération est conduite par les Gardiens de la révolution, la garde prétorienne du guide Khamenei et du président Ahmadinejad, bêtes noires des Occidentaux. Des détails sont même avancés pour rendre crédible l'information et susciter de l'inquiétude dans la région. Parmi les chefs d'Al-Qaïda libérés figurerait l'Egyptien Saïf El-Adel, qui est inscrit sur la liste des terroristes les plus recherchés du FBI pour son implication présumée dans les attentats qui avaient frappé des ambassades américaines en 1998 dans des pays d'Afrique de l'Est. Et ce personnage a été nommé chef des opérations en Afghanistan et au Pakistan, selon des responsables pakistanais cités par le Times. Le Koweïtien Souleiman Abou Gheith, ancien porte-parole d'Al-Qaïda au moment des attentats du 11 septembre 2001, Abu Khayr al-Masri, proche du numéro deux d'Al-Qaïda Ayman Al-Zawahiri, ainsi que trois membres de la famille du chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, ont également été libérés, toujours selon ces sources. Le Times explique que de nombreux chefs d'Al-Qaïda avaient trouvé refuge en Iran après l'invasion américaine de l'Afghanistan qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001 et que certains d'entre eux ont été placés en détention par les autorités iraniennes. En juillet dernier, le fils d'Oussama ben Laden, Omar, avait déclaré que 20 membres de sa famille étaient bloqués en Iran et que Téhéran refusait de discuter de leur sort avec l'Arabie saoudite. Un quotidien koweïtien avait rapporté en novembre dernier, lorsque WikiLeaks avait commencé à déballer les télégrammes secrets de diplomates américains sur pratiquement tous les dirigeants du monde, que plusieurs dirigeants d'Al-Qaïda, dont Abou Ghaith, avaient quitté l'Iran pour le Yémen… Les informations sur le retour de chefs d'Al-Qaïda en Afghanistan et au Pakistan, notamment à leurs frontières où se trouverait ben Laden, sont distillées au moment où l'Iran et la Turquie ont scellé ce jeudi à Istanbul des accords stratégiques. Les deux pays se sont rapprochés ces dernières années sur le plan politique mais aussi économique, et la Turquie est devenue un allié de poids pour les Iraniens dans leurs délicates négociations nucléaires. Les accords sont également intervenus alors que la Turquie, qui joue l'intermédiaire entre Téhéran et l'Occident dans son bras de fer sur le nucléaire, doit accueillir fin janvier les discussions entre l'Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne), après la reprise des négociations nucléaires à Genève début décembre. Longtemps considéré comme l'allié stratégique et même militaire d'Israël dans la région, la Turquie s'est rapprochée de l'Iran, en particulier après l'offensive d'Israël contre la bande de Gaza en décembre 2008 puis l'attaque de la marine israélienne contre une flottille d'aide humanitaire destinée à Gaza au cours duquel neuf Turcs ont été tués. Ce qui a provoqué une vive colère de la Turquie contre Israël. Signe du changement intervenu, Ankara a retiré en août l'Iran de la liste des pays constituant une menace pour elle, selon le document définissant la sécurité nationale du pays. La Turquie a également voté contre la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU du 9 juin, renforçant les sanctions économiques internationales contre l'Iran. Peu avant, elle avait présenté avec le Brésil et l'Iran une proposition d'échange de combustible nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances, visant à faciliter un compromis sur le dossier nucléaire, mais qui a été rejetée par les grandes puissances. Alors comment interpréter les informations du Times ?