En marge de la rencontre face au Maroc, Rabah Madjer sera honoré par la FAF. Une distinction de laquelle il parle dans cet entretien avec fierté, scellant sa réconciliation avec le président de la FAF Raouraoua. L'ex-star de Porto y évoque également la rencontre contre le Maroc, estimant que les Verts ont les moyens de battre les Marocains, exactement comme ils l'ont fait contre l'Egypte. Liberté : Tout d'abord, Rabah Madjer, peut-on connaître les raisons de votre présence en Algérie ? Rabah Madjer : Comme à mes habitudes, je profite de la moindre occasion pour venir me ressourcer dans mon cher pays. C'est sacré pour moi. C'est l'occasion également de revoir les amis et de renouer avec l'ambiance familiale qui me manque beaucoup. Je suis quelqu'un de très lié à son pays, sa famille et son peuple. Je suis reconnaissant envers tout le monde, c'est ma nature. On vient d'apprendre que la Fédération algérienne de football vous a retenu parmi les joueurs qui seront honorés de l'ordre du mérite, le 27 mars à Annaba. Que vous inspire cette initiative ? De la fierté et de l'émotion. J'ai été honoré plusieurs fois par des pays arabes et organisations sportives, mais la distinction de mon pays aura une saveur et un sens particuliers. Car je serai parmi les miens, et cela me fait un énorme plaisir et une joie indescriptible. Vous serez donc présent à cette cérémonie ? Et comment ! Je vous assure que j'ai annulé plusieurs rendez-vous importants, pour répondre à cette invitation de mon pays et pouvoir être présent à la cérémonie de la FAF. Je vous assure que j'ai même laissé tomber une cérémonie familiale pour être présent à Annaba. Laquelle ? Oui, je vous assure que c'est la première fois de ma vie que je vais rater l'anniversaire de mon fils Amir. Je sais que mon fils ne va pas apprécier, mais lorsqu'il saura que je le fais pour mon pays, il comprendra très vite la signification de mon geste. Vous serez honoré à Annaba. Que symbolise pour vous cette grande ville de l'est du pays ? Beaucoup de choses. J'ai passé d'agréables moments dans cette coquette ville d'Annaba. Son public est merveilleux et très hospitalier. Je veux que ce soit un geste de reconnaissance envers ce merveilleux public annabi. C'est avec une grande joie et une fierté que je retrouverai ce public à qui d'ailleurs je dédierai ma distinction. Je suis très reconnaissant envers lui. Il m'a beaucoup aidé lorsque je jouais encore sous le maillot de l'équipe nationale, et je garde toujours de très bons souvenir de son stade. Je veux aujourd'hui lui rendre la monnaie en lui dédiant ma distinction, il le mérite. Je suis persuadé que le public annabi sera à la hauteur le 27 mars contre le Maroc, je lui demande juste d'être sportif et fair-play comme il l'a toujours d'ailleurs été, en soutenant à fond l'équipe nationale. Revenons, si vous le permettez, à cette invitation qui vous a été adressée par la FAF par le biais de son président Mohamed Raouraoua. Peut-on savoir comment s'est passé le contact entre vous ? Le plus normalement du monde. Je n'ai aucun problème personnel avec M. Raouraoua, qui reste pour moi un grand monsieur du football. À un moment donné, je pense qu'il s'est trompé à mon sujet lorsque j'étais entraîneur national juste après le match amical qu'on a disputé à Bruxelles contre la Belgique. Sinon, je n'ai pas de problème avec lui. Je suis quelqu'un qui regarde vers l'avenir. Le passé, c'est du passé, il est mort et enterré. Pensons à l'avenir, et pensons surtout comment doit-on redorer ensemble le blason de notre football. Vous n'avez toujours pas répondu à la question ? Cela a été fait d'une manière simple. J'ai discuté d'abord avec M. Mecherara au téléphone, que je respecte beaucoup, où l'on a parlé du football et d'autres choses. Par la suite, j'ai eu M. Raouraoua au téléphone, qui m'a donc invité à cette cérémonie. J'avoue que ça m'a fait un énorme plaisir de renouer le contact avec lui et d'ouvrir une nouvelle page de nos relations. Le différend entre vous et M. Raouraoua est donc clos ? Il y a eu un désaccord après le match de la Belgique. Comme je l'ai dit, il s'est trompé à mon sujet. Je ne vais pas rester figé sur ça, il faut qu'on tourne la page. Je ne veux pas que les gens fassent de cette histoire un feuilleton. Pourtant, il n'y a pas longtemps, vous n'étiez pas tendre avec lui à travers les colonnes de la presse... Justement, vous me donnez l'occasion d'éclaircir certaines choses qui ont été dites à ma place. Il y a des phrases que je n'ai jamais prononcées, car mon éducation et ma réputation ne me permettent pas de m'abaisser pour dire des choses pareilles. Tout cela a été une pure invention d'une certaine presse qui a complètement déformé mes propos. J'ai trouvé des titres choquants qu'on m'a collés et que je n'ai jamais prononcés, je suis vraiment déçu de tout cela, car je refuse qu'on m'attribue des propos que je n'ai jamais tenus. Lorsque je déclare quelque chose, je l'assume jusqu'au bout. Malheureusement, ce n'est pas le cas avec un journal, dont je préfère taire le nom et qui a décidé carrément de parler à ma place. D'ailleurs, j'ai dénoncé cela, en appelant la personne qui m'a parlé, je ne sais pas dans quel intérêt font-ils cela ? Je vous assure que dorénavant, je vais prendre les dispositions nécessaires pour cela. Je n'ai jamais fermé mon téléphone aux journalistes algériens, j'ai toujours répondu à leurs sollicitations, mais pas au point de faire de mes propos un commerce. On a évoqué aussi que Raouraoua compte vous confier prochainement l'équipe nationale A'. Confirmez-vous cette information ? Je vous assure que c'est la première fois que j'apprends cette information. Je ne sais rien de tout cela. Je n'ai en aucun cas parlé de cette sélection avec Raouraoua. Si une proposition il y a, est-ce que vous serez preneur ? Je n'ai pas de réponse à donner. Ma réponse se fera au moment opportun. Parlons du match du 27 mars et le derby de l'EN contre Maroc. Quel regard portez-vous sur ce match ? Ce sera un match difficile pour les deux équipes. Notre équipe nationale doit impérativement gagner pour rester en course à la qualification de la CAN-2012. Ce sera certes difficile, mais pas impossible. C'est un derby qui a ses spécificités et ses particularités. Je refuse toutefois que cette rencontre sorte de son cadre sportif. Quel que soit le résultat final entre les deux équipes, il faut que le match reste purement sportif. Il faut que le public soit fair-play et fasse preuve d'un grand esprit sportif. On ne veut pas voir d'incidents, ni bagarre, ni autre chose. On veut juste assister à un match de football. Il ne faut pas qu'on tombe dans les mêmes erreurs que lors du match contre l'Egypte. Je fais amplement confiance à notre équipe nationale qui va l'emporter, j'en suis persuadé. Qu'est-ce qui vous fait dire cela ? La particularité du match. Nos joueurs savent se transcender dans ce genre de rendez-vous. Ils trouveront la motivation nécessaire pour se surpasser et réaliser un grand match. Je connais un peu l'état d'esprit du joueur algérien face à ce genre de rencontre, l'Algérien aime relever les défis. Comme fut le cas en 1979, et cette fameuse victoire 5 à 1 réalisée à l'époque par les Verts à Rabat ? Cela fait 31 ans que ce match a eu lieu, les données ne sont plus les mêmes, il ne faut pas tenir compte de ça. Aujourd'hui, c'est une autre génération qui a pris le flambeau. N'oubliez pas que la dernière fois où nous avions battu le Maroc fut en 1980 en phase finale de la CAN du Nigeria par 1 à 0. Depuis ce match, on n'a plus battu le Maroc. Il faut à mon avis penser au présent, et ne plus faire référence au passé. Un match se jouera en 90 minutes où tout peut arriver. les statistiques sont faites pour autre chose. Seul le terrain sera déterminant, je suis persuadé que nos joueurs vont se surpasser et gagner ce match. Pensez-vous, justement, que les joueurs convoqués par le sélectionneur national M. Abdelhak Benchikha sont prêts à battre cette équipe marocaine ? Benchikha a convoqué les meilleurs joueurs à l'heure actuelle. Je ne pense pas qu'il a oublié quelqu'un. je sais qu'il est très pointilleux sur le sujet, et puis je vois mal un entraîneur laisser un joueur à la maison, alors qu'il sait qu'il peut rendre service à l'EN. Je suis convaincu que les joueurs actuels sont les meilleurs et les plus en forme. Ils doivent avoir beaucoup d'abnégation, de détermination, de motivation et de volonté dans ce genre de match pour s'imposer. Le sélectionneur marocain Eric Gerets multiplie, ces derniers temps, les déclarations en exerçant de plus en plus la pression sur Benchikha. Que pensez-vous de cette stratégie adoptée par ce coach ? Chaque entraîneur dispose de ses propres armes pour tenter de déstabiliser son adversaire. Mais je ne pense pas que Gerets puisse déstabiliser Benchikha. Je sais en revanche que l'équipe marocaine était construite bien avant l'arrivée de Gerets à sa tête. Cette équipe marocaine ne me fait pas peur, on a les moyens de la battre aisément. Pour moi, ce Maroc est tout simplement bon à prendre. Peu importe les noms qui la composent, nous aussi on a des joueurs de valeur qui savent se transcender dans les moments difficiles. J'ai entière confiance en notre équipe nationale qui va réaliser un grand match et remporter une belle victoire. Nous serons tous derrière notre équipe, il y aura 34 millions d'Algériens qui vont supporters cette équipe. Je souhaite seulement que le fair-play soit le grand gagnant de cette empoignade entre deux pays frères. Vous êtes apparemment très optimiste ? Lorsqu'il s'agit de l'Algérie, je suis toujours optimiste. C'est ma nature, je n'y peux rien. J'ai comme l'impression qu'on va réaliser un grand coup le 27 mars. notre équipe nationale va faire un bon match, nous gagnerons ce match inch'Allah, j'en suis convaincu. Vous êtes invité par une association caritative internationale. De quoi s'agit-il au juste ? C'est une fondation présidée par l'ex-star d'athlétisme, l'Américain Edwin Moses, elle se nomme Laureus World Sport Academy, basée à Londres et à Madrid. On m'a récemment invité pour être nommé ambassadeur dans le monde aux côtés de Bobby Charlton et d'autres stars du cinéma. On a déjà joué il y a un mois un match de gala à Abu Dhabi, avec Zinedine Zidane et autres stars du football pour cette association. En plus, je suis l'ambassadeur de l'UNESCO et de l'Union Africaine, je milite pour la sécurité et la paix dans le monde. Vos enfants pratiquent-ils le football? Oui, il y a Amir, 22 ans, et qui joue comme attaquant au club Silya au Qatar, et Lotfi, 9 ans, et qui joue lui aussi chez le club de Lakhoya.