«Il faut battre l'Egypte et gare à la Zambie!» Sympathique comme d'habitude, le champion d'Europe en 1987 avec le FC Porto et champion d'Afrique en 1990 avec la sélection nationale, Rabah Madjer attend comme tous les Algériens, la prochaine sortie des Verts contre les Pharaons. Lors de cet entretien, il nous parle de sa prochaine expérience au cinéma qui va sûrement faire des ravages comme ce fut le cas en football avec son glorieux parcours et son riche palmarès. L'Expression: Que devient Rabah Madjer? Rabah Madjer: Je suis toujours consultant à la chaîne de télévision Al Jazeera où j'ai l'occasion de rester en contact permanent avec le football qui me colle à la peau (rires). Comme vous le voyez, je profite de chaque occasion pour venir en Algérie rendre visite à ma famille et par la même rencontrer les amis en général. Voilà grosso modo le quotidien de Rabah Madjer. En toute franchise, l'ambiance des terrains ne vous manque-t-elle pas? Sincèrement, elle me manque plus que tout. Car il ne faut pas oublier que le football a toujours été ma passion et même mon gagne-pain. J'ai tout connu et tout vécu avec cette discipline qui m'a fait rêver de longues années que ce soit en Algérie, en Europe ou au Qatar. D'éventuels projets à l'horizon? Concrètement parlant, il n'y a rien de spécial mais une chose est sûre, si une opportunité se présente, je serai prêt à remettre mon survêtement à condition de décrocher un poste conforme à mes ambitions. En d'autres termes, Madjer n'acceptera pas n'importe quoi. Un jour, vous nous avez déclaré que vous n'étiez guère intéressé par une quelconque expérience avec un club algérien, le confirmez-vous aujourd'hui? Ma décision reste la même avec tous mes respects à tous les clubs algériens. En parlant de football, on croit savoir que Madjer a refait le coup de la talonnade le jour de la finale de la Champions league européenne jouée à Rome le 21 mai dernier, est-ce vrai? En effet, je l'ai fait lors du match de gala organisé par l'UEFA qui a réuni une pléiade d'anciennes stars mondiales. D'ailleurs, j'ai discuté avec le président de cette instance en l'occurrence Michel Platini, et je lui ai même demandé de me payer des droits d'auteur à chaque fois qu'on évoquera une talonnade à la Madjer. C'était pour rire bien évidemment puisque Platini est un bon ami. On passe maintenant au sujet qui fait actuellement l'actualité à savoir, le prochain match contre l'Egypte. En tant que vieux routier de ce genre de derbies, quel effet cela vous fait-il? J'attends ce rendez-vous comme tous les Algériens avec l'espoir de voir les Verts nous offrir une belle victoire même si la tâche s'annonce d'ores et déjà difficile contre cette équipe des Pharaons. Mais je tiens à préciser une chose. Laquelle? Tout le monde focalise sur le match contre l'Egypte et on oublie la Zambie qui, à mon avis, aura son mot à dire dans ce groupe. J'ai eu l'occasion de voir le match Egypte-Zambie au Caire et je peux vous dire que les Zambiens m'ont vraiment impressionné surtout, en deuxième mi-temps. Ceci étant, il faut battre l'Egypte et faire très attention à la Zambie si on souhaite vraiment faire quelque chose lors de ces éliminatoires jumelées CAN-Mondial 2010. Des conseils à donner aux joueurs avant ces deux rendez-vous cruciaux? Je pense que l'entraîneur Rabah Saâdane est le mieux placé pour le faire mais en tant que technicien et ancien joueur, je leur demande de rester très vigilants dans tous les compartiments, de faire preuve de beaucoup d'abnégation et de détermination, de faire en sorte de gagner le maximum possible de duels pour ne laisser aucune chance aux joueurs adverses de développer leur jeu. Concrètement parlant, pensez-vous que les Verts sont en mesure de décrocher le seul billet pour le Mondial sud-africain? La sélection nationale a une grande marge de progression et tout le monde est unanime là-dessus. Mais personne n'est en mesure de connaître la réaction de ce groupe prochainement d'autant plus qu'il est animé d'une volonté de fer. Personnellement, je pense que l'Algérie, l'Egypte et la Zambie partiront à chances égales même si les Egyptiens ont toujours été favorisés par le calendrier. Pouvez-vous être plus explicite? Tous les matchs retour d'Algérie-Egypte se sont joués au stade du Caire. Allez-vous assister à cette rencontre? Malheureusement, le 7 juin à 20h00 je prendrai l'avion pour Doha (Qatar) et j'en suis vraiment désolé. D'ailleurs, j'ai demandé à mes amis de me préparer le match pour le voir dès mon arrivée. Mais une chose est sûre, je serai de tout coeur avec notre équipe nationale pour laquelle je souhaite plein de réussite dans ces qualifications jumelées. Dans un autre registre, le président de la Fédération algérienne de football Mohamed Raouraoua avait déclaré récemment à la Télévision algérienne, qu'il n'y avait aucune affaire Raouraoua-Madjer après cette fameuse réconciliation à Paris, est-ce votre avis? Mon éducation m'a poussé à accepter cette réconciliation qui est d'ailleurs, un mot noble et estimable. Rabah Madjer n'a jamais tourné le dos à quiconque et il ne le fera jamais. Toutefois, il ne faut surtout pas oublier que ce qui m'est arrivé avec la FAF en 2002 restera à jamais gravé dans ma mémoire. D'ailleurs, cette fameuse mésaventure fait désormais partie de mes plus mauvais souvenirs et je préfère m'arrêter là. Pour en revenir aux projets de Rabah Madjer, est-ce vrai qu'il va faire du cinéma? Pourquoi pas? Je vous rappelle, que plusieurs légendes du football se sont aventurées dans cet art à l'instar de Pelé, Maradona, Cantonna et autres. Personnellement, je me sens prêt à m'y mettre et pour votre information, j'ai même signé un contrat avec une boîte de cinéma dont je préfère ne pas dévoiler le nom pour des raisons professionnelles et rien d'autre. Donc, c'est déjà fait? Oui, il y aura tout d'abord un film documentaire de 90 minutes qui mettra en évidence toute ma carrière footballistique que ce soit en Algérie, en Europe (France, Portugal et Espagne) ou au Qatar. Après, il sera question d'un vrai film où j'aurai le rôle principal. Ce sera un film d'action ou quelque chose d'autre? Il y aura un peu de tout, bref, ce sera un bon produit d'après les toutes premières données. Je vais aussi animer une émission intitulée Bayn an noudjoum ou plus exactement, Entre stars qui passera à la Télévision algérienne. Là aussi, vous allez vous régaler, je vous le promets. On va maintenant aborder un autre sujet qui tient à coeur à tous les supporters du NAHD mais aussi du MCA à savoir, quel est le club préféré de Rabah Madjer? Je ne sais pas pourquoi à chaque fois on me pose cette question (rires). Bon, le MC Alger est l'équipe de mon enfance lorsqu'on habitait le quartier du Climat de France (les hauteurs de Bab El Oued-Alger). C'est un club que j'aime beaucoup comme tous les Algériens. Le NAHD, c'est toute ma vie. C'est l'équipe avec laquelle je me suis fait un nom et qui m'a permis de me faire une place sur la scène footballistique. Un mot sur votre ami Lakhdar Belloumi après le dénouement positif de sa fameuse affaire avec Interpol? Sincèrement, j'étais très content d'apprendre cette bonne nouvelle. Je pense que Lakhdar a beaucoup souffert durant toutes ces années et il mérite amplement ce dénouement positif. Incha Allah, il va ainsi prendre part à tous les évènements footballistiques après toute cette attente. Selon vous, comment notre football pourra-t-il sortir la tête de l'eau après ces longues années de marasme? C'est très simple, il faut nationaliser le football algérien. En d'autres termes, il faut que l'Etat s'implique directement en donnant la chance aux cadres algériens et aux anciens joueurs notamment, ceux des années 80 et 90. A mon avis, les clubs doivent être gérés comme des entreprises par de vrais managers. Sincèrement, c'est le moment ou jamais de retrousser les manches car le sport algérien en général, a besoin de toutes les initiatives louables pour revenir au premier plan. On vous laisse le soin de conclure. Je dirais bonne chance à l'équipe nationale le 7 juin prochain contre l'Egypte et lors du reste du parcours de ces éliminatoires jumelées CAN-CM 2010.