En plus d'avoir dévoilé les noms des heureux lauréats du concours de la nouvelle, la clôture du Feliv a été marquée par un très bel hommage rendu au poète disparu, Hamid Skif, à travers une adaptation en un spectacle de danse, de son roman, “Géographie du danger", et ce par le chorégraphe Hamid Ben Mahi. Après une semaine d'activités denses entre ateliers (pour professionnels et jeune public), séances de lectures, tables rondes, auteurs en dialogue et un colloque (sur les bibliothèques), la quatrième édition du Festival international de la littérature et du livre de jeunesse a pris fin, mercredi dernier, au village du Feliv (esplanade de Riadh El-Feth), en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Azeddine Guerfi, commissaire du Feliv, qui a souligné que l'heure n'était pas encore au bilan, a tenu à remercier tous ceux qui ont participé à la tenue puis à la réussite du festival (les membres du commissariat du Feliv, les auteurs et le public). Par la suite, les noms des lauréats du concours de la nouvelle – dans les trois langues – ont été révélés. Le jury en langue arabe, composé de journalistes et auteurs et présidé par l'universitaire, Allel Sengouga, a attribué le prix à Hocine Sertah pour sa nouvelle “Awraq Essafar”. M. Sengouga a tout de même émis quelques réserves quant au niveau général des auteurs en herbe, qui ont été d'un “faible niveau", car ils ont manqué de profondeur et n'ont pas toujours respecté les règles du genre de la nouvelle. De son côté, Amina Bekkat, présidente du jury du concours de la nouvelle en langue française (en compagnie de l'universitaire et auteur, Rachid Mokhtari, et du journaliste, Ameziane Ferhani), a déclaré que : “Sur les onze nouvelles que nous avons eu à juger, on a eu du mal à désigner une nouvelle qui sortait du lot” d'autant qu'il n'y avait “pas beaucoup d'originalité”. Elle a également constaté que ce sont “les mêmes thèmes que nous traînons depuis une dizaine d'années”, avant d'annoncer que son jury n'a pas désigné de lauréat, et qu'il préférait attribuer trois prix d'encouragement à Nesrine Sellal pour sa nouvelle “l'Escapade amoureuse” ; à Bennacer Sofiane pour sa nouvelle “le Temps d'un battement de cil” ; et à Maach-Tarek Islem pour sa nouvelle “l'Horloge sans aiguilles”. Quant au prix en langue amazighe, le délégué général du Feliv, Abdallah Benadouda, a expliqué qu'ils n'avaient reçu qu'une seule nouvelle, car la grève de la poste a retardé la réception des manuscrits. Toutefois, le jury a décidé d'accorder un prix d'encouragement à la seule nouvelle qu'ils avaient reçue à savoir “Açu Teswa Duunit” (Ce que vaut la vie) de Walid Sahli. Hamid Skif sur les planches ! La deuxième partie de la cérémonie de clôture a eu lieu à la salle Ibn Zeydoun, avec un spectacle vivant, en hommage à l'écrivain Hamid Skif, disparu il y a quelques mois. Le spectacle, conçu et interprété par Hamid Ben Mahi, est une mise en scène du roman “Géographie du danger”, qui s'intéresse au parcours douloureux et périlleux des harragas, qui préfèrent “risquer la mer”, à la recherche d'une vie meilleure. “Géographie du danger”, où le corps s'exprime avec clarté et beaucoup mieux que mille paroles, nous a introduit dans la vie d'un harraga qui démarre de son pays et réussit à atteindre l'autre rive, pour réaliser que la vie est dure partout. La réalité amère prend vite le dessus sur le fantasme, et le jeune harraga se retrouve “seul dans le noir”, seul dans sa misère, seul avec sa faim, seul avec ses démons et ses regrets. Ce spectacle est une belle manière de rendre hommage à un créateur, car la meilleure manière de se souvenir de quelqu'un est de célébrer son œuvre. Par ailleurs, et comme l'a si bien souligné M. Guerfi, “nous n'avons pas encore suffisamment de recul pour faire un bilan, mais il y a lieu de souligner que le Feliv nous a permis de découvrir d'autres littératures, d'autres regards, d'autres manières d'écrire le monde et de le concevoir”. Le public a, de son côté, eu accès à une littérature plus récente, autre que les classiques universels. Les romans, de José Saramango, Qassem Haddad, Naguib Mahfouz, Gilbert Sinoué et Mario Vargas Llosa, partageaient harmonieusement les étals avec ceux de Mohammed Dib, Mohamed Kacimi et Assia Djebbar. La quatrième édition du Feliv a donné la possibilité de lire sans frontières, sans barrières. Et d'ailleurs, la lecture n'est-elle pas l'une des plus grandes passions de l'homme ?