Alors que tout Oran garde encore à l'esprit le drame de G. Mama, cette jeune femme divorcée et mère de 2 enfants, décédée au lendemain de son immolation par le feu, qui, faut-il le rappeler, se trouvait sous le coup d'une expulsion de son logement, nous apprenons que l'agent de police intervenu ce jour-là est décédé. En effet, ce dernier, B. D. Ahmed, 53 ans, père de 5 enfants, est mort vendredi à 17h des suites des complications médicales, alors qu'il était hospitalisé au service des grands brûlés du CHUO depuis le 8 octobre dernier, jour où se sont déroulés les faits. Ses collègues nous avaient affirmé à ce moment que les brûlures de B. D. Ahmed, certes sérieuses, n'étaient pas trop étendues sur son corps et que, donc, le pronostic vital ne semblait pas engagé. Alors que cette affaire fait l'objet d'une enquête, on enregistre une seconde victime, sans oublier le sort du petit Amine âgé de 3 ans, brûlé également lors du drame et hospitalisé jusqu'à ce jour au CHU Oran. Pour rappel, cette tragédie, endeuillant aujourd'hui deux familles et faisant des orphelins, s'est produite au moment où un huissier de justice, accompagné d'un agent de police, s'est présenté au domicile de G. Mama, situé au quartier de l'Hippodrome d'Oran, pour l'expulser du logement qu'elle occupait depuis un an et qu'elle avait acquis par désistement pour la somme de 210 millions de centimes. Aujourd'hui, des voisins de feu Mama, ulcérés par ce qui a été rapporté jusque-là sur cette affaire, affirment qu'elle n'avait pas l'intention de s'immoler par le feu. “Elle ne voulait pas s'immoler. Elle voulait juste faire peur au policier et à l'huissier en leur demandant de ne pas entrer pour l'expulser. C'est lorsqu'ils sont entrés que le drame s'est produit. Si on lui avait accordé un délai de 10 jours pour trouver où se réfugier, rien de tout cela ne serait arrivé”, ont rapporté plusieurs témoins qui ont confirmé que le briquet allumé serait alors tombé accidentellement des mains de Mama. Une autre enquête est en cours aujourd'hui du côté de l'OPGI sur le propriétaire du logement ayant fait, semble-t-il, l'objet d'une transaction douteuse il y a 5 ans. En effet, au départ, le propriétaire, qui n'occupait pas les lieux, constatant la vente du logement par son ex-femme, avait saisi la justice pour récupérer l'appartement acheté par une certaine A. H. Cette dernière, poursuivie et concernée par une décision d'expulsion, avait revendu ledit appartement à G. Mama. Des imbroglios immobiliers qui ne sont pas rares à Oran tant la crise du logement est profonde, avec un marché de l'immobilier se développant dans l'opacité. Pour les associations féminines qui ont réagi à l'échelle nationale, G. Mama est une victime des dispositions du code de la famille, car en tant que “femme divorcée avec enfants, elle a dû se débrouiller seule pour trouver un toit”. D. LOUKIL