Agents de police, médecins, enseignants, garde communaux, depuis janvier 2011 on a enregistré une longue série d'augmentations de salaires dans les différents corps de la Fonction publique. Rien que pour le secteur de l'Education, de l'avis du ministre, le montant global des augmentations des salaires est estimé à 5,5 milliards de dollars. La hausse de 20% du salaire minimum garanti (SNMG), décidée lors de la dernière tripartite, coûtera quelque 75 milliards de DA au budget de l'Etat. Près de 2 400 000 retraités salariés et non salariés bénéficieront d'une augmentation de leur pension, à partir du 1er janvier 2012. Ces mesures seront financées par le Trésor public avec un impact annuel de plus de 63 milliards DA. Pour calmer la grogne sociale, le gouvernement n'a pas hésité à casser sa tirelire. Depuis le début de l'année, les mouvements de grève des travailleurs, qui ont surfé sur la vague du Printemps arabe ont permis d'obtenir des augmentations de salaire importantes. “La paix sociale n'a pas de prix et si l'état distribue de l'argent aujourd'hui, il s'agit de l'argent de tous les Algériens”, avait indiqué le Premier ministre. Dans la loi de finances complémentaire 2011, le gouvernement avait déjà consenti 25% de hausse de la dépense publique, avec plus de 1 600 milliards de dinars, soit 23,8 milliards de dollars supplémentaires. Ces dépenses comprennent environ 400 milliards de dinars au titre des augmentations de salaires accordées aux fonctionnaires, y compris leurs rappels. Elles s'ajoutent aux 600 milliards programmés pour le même motif l'année d'avant. Soit plus de 1 000 milliards de dinars en deux ans. Les dotations allouées au budget de fonctionnement ont quasiment doublé entre 2008 (2 363,2 milliards de DA pour la LFC 2008) et 2012 (4 608,3 milliards de DA pour l'LF 2012). Les dépenses de fonctionnement, en 2012, résulteront de l'évolution, entre autres des rémunérations des personnels des administrations centrales et de leurs services déconcentrés, dont la dotation passera de 1 392 milliards de DA en 2011 à 1 664 milliards de DA en 2012, prendront en charge et des subventions de fonctionnement (807 milliards de DA en 2012 contre 646 milliards de DA en 2011) pour la prise en charge des régimes indemnitaires. La loi de finances 2012 a prévu également une provision de 237 milliards de DA pour la couverture éventuelle des dépenses se rapportant aux régimes indemnitaires et statuts particuliers non encore finalisés. À cela, s'ajoute une provision groupée de 220 milliards de DA. Globalement, certains économistes parlent d'une injection de 35 milliards de dollars de liquidités injectées dans la masse salariales. “Il faut noter que l'expansion des dépenses de fonctionnement, constatée ces dernières années, constitue un facteur d'insoutenabilité des équilibres budgétaires qui dépendent largement de ressources volatiles tirées du produit de la fiscalité pétrolière. Il y a lieu d'indiquer que les dépenses courantes ne seront couvertes par les ressources non pétrolières qu'à hauteur de 41% en 2012 contre 60% en 2009”, a souligné le ministre des Finances dans la note de présentation du projet de loi de finances 2012. Si on peut se féliciter de l'amélioration attendue du pouvoir d'achat, il ne peut, néanmoins, éluder la question de la productivité qu'il considère comme déterminante, si on veut améliorer durablement le niveau de vie de notre population. En effet, si l'aisance financière actuelle permet de procéder à une telle amélioration, au demeurant nécessaire, il ne faut pas perdre de vue les retournements de tendance du marché, si volatile, des hydrocarbures, retournements que l'Algérie avait déjà subis de plein fouet par le passé. L'Algérie doit s'inscrire fondamentalement dans une problématique de partage des gains de productivité et sortir de celle du partage de la rente pétrolière. Il est, en effet, suffisamment admis que les hausses de salaire ont un caractère inflationniste dès lors qu'elles excèdent les gains de productivité. D'ailleurs, l'une des conséquences directes des augmentations des salaires est la hausse des importations, notamment des véhicules. M. R.