Malgré les progrès technologiques, la chaîne logistique en Algérie fait toujours face à des problèmes endémiques qu'elle n'a pas réussi à surmonter. L'enjeu est pourtant majeur. Il est question de la stabilité de l'entreprise, de sa compétitivité et de sa croissance. Les cas de failles dans la chaîne logistique de l'entreprise algérienne sont légion. Combien de projets ont stagné juste parce que les intrants ont été bloqués pendant des mois au port d'Alger ? Nombreux sont les opérateurs qui avouent leur impuissance face à l'instabilité des filières logistiques, décidément une des sources de tension dans la chaîne de production pour les managers algériens. Les concessionnaires automobiles ont été obligés, depuis que les porte-véhicules sont interdits au port d'Alger, de revoir toute leur politique de stockage et de distribution. Selon un bilan de la Société de gestion des participations des ports (SGP-Sogeports), le volume des marchandises ayant transité par les ports commerciaux algériens a atteint 84,7 millions de tonnes (MT) durant les huit premiers mois de 2011, contre 86,3 MT durant la même période de 2010, en baisse de 1,94%. Ce chiffre renseigne sur la place prépondérante des ports dans le commerce extérieur algérien, à leur tête le port d'Alger par où transite l'essentiel de ces marchandises. En effet, près de 4,5 MT de biens et marchandises ont transité au port d'Alger de janvier à mai en 2011, ce qui démontre une nette hausse en termes de trafic. Le trafic de marchandises au port d'Alger a connu une hausse de 6% à 4,48 MT au cours des cinq premiers mois de 2011, contre 4,21 MT durant la même période en 2010, selon l'Entreprise portuaire d'Alger (Epal). Sur les 4,48 MT transités, l'Epal a traité 3,55 MT de marchandises contre 3,13 MT durant la même période de l'année 2010, soit une progression de 13%. Pour sa part, le groupe émirati DP World, chargé depuis 2008 de la gestion du terminal à conteneurs du port d'Alger, a traité 937 500 t de janvier à mai 2011 contre 1,07 MT durant les cinq premiers mois de l'année 2010, en baisse de 13%. Le nombre de conteneurs traités au port de la capitale a atteint 289 186 t de janvier à mai 2011 contre 275 629 t durant la même période de 2010, en hausse de 5%. Les conteneurs traités par l'Epal ont baissé à 107 818 boîtes de janvier à mai 2011 contre 136 488 boîtes durant la même période de l'année 2010 (+27%). Le groupe DP World a, quant à lui, traité 152 698 boîtes durant les cinq premiers mois de l'année 2011 contre 167 811 boîtes durant la même période de l'année 2010 (-9%). Le séjour des conteneurs au port d'Alger a connu une baisse de 32% à 20 jours de janvier à mai 2011, contre 29 jours durant les cinq premiers mois de l'année 2010. Selon une source à DP World, “les problèmes des bateaux en rade qu'on a connus dans un passé récent sont imputables à la transition qui s'est faite difficilement entre l'Epal et DP World. La situation n'était pas claire, ce qui a engendré des perturbations”. “Le règlement des conflits sociaux a permis une amélioration dans le fonctionnement du port”, selon notre source, qui ajoute qu'actuellement DP World traite en moyenne 1000 conteneurs par jour avec 0 bateau en rade. Selon notre source, le traitement d'un bateau de 600 conteneurs (capacité maximale des bateaux qui entrent en quai) se fait en 72 heures maximum. L'engorgement persiste : les scanners souvent en panne Cette amélioration dans le traitement n'a pas pour autant réglé les problèmes d'engorgement du port. Selon notre source, l'engorgement du port est imputable aux services des douanes et aux scanners qui, souvent, sont en panne. Les pannes récurrentes du grand scanner de haute technologie, mis en service depuis 2004, entraîne souvent un retard dans le dédouanement des marchandises. Ces pannes peuvent durer des fois, selon la même source, trois à quatre jours. Il faut savoir que quatre scanners sont actuellement en exploitation, dont le plus grand appartient à l'Epal, en plus d'un scanner mobile au niveau du grand môle et deux autres scanners, l'un au niveau de la porte 6 bis et l'autre fixe au niveau de la porte 5 bis. L'exploitation du grand scanner se fait conjointement entre les services de l'Epal et ceux des douanes, alors que les trois autres sont exploités uniquement par les services des douanes. Selon l'Epal, le nombre de conteneurs transitant par les scanners actuellement en exploitation au port d'Alger est d'environ 200 000 conteneurs par an, soit approximativement 30% du total des conteneurs transitant par les terre-pleins du port d'Alger. En plus de ce problème de la récurrence des pannes des scanners, notre interlocuteur précise que le fait que le port d'Alger ne traite que les conteneurs génère forcément un manque d'espace. Il y a également les désagréments provoqués par les compagnies maritimes, selon cette source, qui tardent à acheminer les conteneurs vides. En effet, un bateau ne quitte le quai que quand il a chargé ses conteneurs vides. Par ailleurs, la saturation des ports secs se répercute automatiquement sur le port. Pour rappel, les premiers ports secs ont été créés en 2003. Depuis, six seulement existent, dont quatre à Alger, un à Skikda et un autre à Oran… Des moyens archaïques Notre interlocuteur nous explique que cela marche mieux parce qu'il y a moins d'importateurs. “Les dispositions de la loi de finances ont mis out plusieurs importateurs, ce qui a diminué la pression sur le port.” Cela est d'autant vérifiable, puisque en termes d'infrastructures les ouvriers du port continuent jusqu'à aujourd'hui à travailler avec les moyens traditionnels, où le travail manuel est prédominant. Chaque conteneur est accroché manuellement à la grue qui le débarque du bateau. Les portiques et les RTG (sorte de grue) ne sont pas encore livrés. Notre source précise que ce retard n'est pas imputable exclusivement à DP World, puisqu'un conflit existe entre le ministère des Transports, tutelle du port, et celui des Travaux publics qui a l'exclusivité sur les travaux qui devront permettre l'installation de cet équipement. En effet, l'installation de cet équipement, très lourd, nécessite des travaux qui vont au-delà des prérogatives de DP World, donc relevant du ministère des Travaux publics. Notre source nous apprend que les deux parties se rejettent la balle et un accord ne semble, pour le moment, pas acquis. S. S.