À moins de trois mois du scrutin, et maintenant que les uns et les autres se sont positionnés pour la participation ou pour le boycott, on peut oser la question : quel pronostic pour les prochaines élections législatives ? Les islamistes, à leur tête le MSP qui siège au gouvernement, jurent qu'ils sortiront vainqueurs de la consultation. Ses deux alliés, le FLN et le RND, mais aussi le PT par la voix de Louisa Hanoune, estiment que c'est là un scénario impossible. Mais, en même temps, le RCD affirme que les quotas sont déjà arrêtés et la porte-parole du PT ainsi que le président du MSP, entre autres, disent craindre la fraude, alors que les formations de Belkhadem et de Ouyahia assurent que l'Algérie connaîtra cette fois-ci une élection impeccable, irréprochable ! Si vous êtes de ceux qui croient que les jeux ne sont pas faits, l'invitation vous concerne : faites vos jeux ! Les paris sont ouverts mais, pour l'heure, les certitudes sont rares. Deux données importantes, cependant. Un : l'abstention risque d'atteindre un record historique, de l'aveu même de membres du gouvernement, à commencer par le ministre de l'Intérieur. Deux : il n'y aura pas d'alliance des démocrates à ce scrutin. On se demande d'ailleurs à qui s'adresse cet appel de Benyounès au “rassemblement des démocrates et patriotes républicains”. Un appel lancé, comble du paradoxe, le jour même où son parti décide de ne plus s'appeler “Union pour la démocratie et la république”, lui préférant la dénomination “Mouvement populaire algérien”, incolore et inodore, qui permet une meilleure insertion dans le paysage politique tel que dessiné par la “réconciliation nationale”. Autre paradoxe : l'appel est lancé le jour même où le RCD, incontournable force de la mouvance démocratique, décide de boycotter l'élection. Il est vrai que c'est le même jour, aussi, que le FFS décrète, encore un paradoxe, que le boycott “ne peut constituer une alternative efficace”, histoire d'entretenir un faux suspense quant à sa participation qui ne fait pas l'ombre d'un doute ! Mais quand on sait que l'appel de Benyounès est assorti d'une dénonciation en règle des acteurs de Sant'Egidio, l'on comprend qu'il ne s'adresse pas au FFS. Ces paradoxes à la pelle ne sont pas tombés du ciel, ils sont l'expression d'une pollution de la scène politique jamais égalée depuis 1990. C'est le signe qu'un “monstre de laboratoire” pourrait sortir des urnes. Un pronostic parmi d'autres. S. C.