Au terme de leur visite dans les camps des réfugiés sahraouis, la délégation française, composée d'élus locaux, d'avocats, de syndicalistes, de parlementaires, d'étudiants et de représentants des associations de soutien au peuple sahraoui (près de 150 personnes), ainsi que le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps), ont adressé une lettre au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, réservée à la question du Sahara occidental. Réunis dans la soirée de mardi 28 février à l'hôtel Dar Diaf de Chéraga (Alger), ils ont interpellé le responsable onusien sur “l'injustice inacceptable” qui est faite au peuple sahraoui, malgré “les nombreuses et pertinentes résolutions de l'ONU et du Conseil de sécurité qui recommandent, toutes, l'organisation d'un référendum d'autodétermination”. Celui-ci, ont-ils précisé, doit permettre aux Sahraouis de choisir librement leur destin, comme le spécifie “la résolution 1514 de l'Assemblée générale des Nations unies, juridiquement applicable à un territoire reconnu non autonome et étiqueté comme pays colonisé”. Encore imprégnés des trois jours passés dans les camps sahraouis et de la commémoration du 36e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), ils ont rappelé à M. Ki-Moon ce que vivent les Sahraouis depuis 37 ans. D'une part, les Sahraouis des territoires “illégalement occupés et administrés par le Maroc”, qui vivent “au quotidien une répression intolérable” et qui sont victimes des “violations répétées et multiformes des droits de l'homme”. De l'autre, les réfugiés sahraouis évoluant dans la région de Tindouf (Sud-Ouest algérien), qui souffrent de “carences alimentaires”, de “déficits culturel, d'enseignement et de formation” et donc affectés par “le manque d'épanouissement et la désespérance”. Dans la lettre, signée par les représentants du Cnasps, de l'organisation française Droit Solidarité et l'association française des Amis de la RASD, il est rappelé les efforts déployés par la communauté internationale qui n'a cessé de réaffirmer “le droit inaliénable” du peuple sahraoui à une consultation référendaire. Plus loin, il est relevé pourtant que “l'ONU tergiverse dans l'application de ces résolutions”. En agissant de la sorte, l'ONU permet “au Maroc d'enliser le conflit par des manœuvres dilatoires et de faire perdurer ainsi le calvaire du peuple sahraoui et l'occupation de son territoire”, ont estimé les signataires. Ces derniers ont en outre interpellé le “mandat” et les “pouvoirs” conférés au secrétaire général de l'ONU, en demandant “instamment” à Ban Ki-Moon de donner mandat à son envoyé personnel, Christopher Ross, “pour engager rapidement des négociations officielles, afin d'entamer le processus d'organisation d'un référendum d'autodétermination transparent et loyal, sous la supervision des Nations unies”. Par ailleurs, ils ont appelé à “mettre un terme définitif aux violations des droits de l'homme” dans les territoires sahraouis occupés, “en veillant scrupuleusement à l'élargissement du mandat de la Minurso (Mission de l'ONU pour un référendum au Sahara occidental, ndlr) par un mécanisme ou un autre et à la protection et au respect de ces mêmes droits de l'homme”. Sur le chapitre de l'aide alimentaire, ils ont demandé au responsable onusien de “corriger d'urgence, via les agences spécialisées de l'ONU, l'assistance alimentaire (…) aux réfugiés sahraouis, l'état sanitaire dégradé et les manques éducationnels immenses et pénalisants”. Et faisant allusion aux textes de l'ONU, en particulier l'avis juridique sur les ressources naturelles, ils l'ont prié d'“inviter les structures internationales, juridiquement concernées, pour faire cesser la spoliation organisée des richesses naturelles du Sahara occidental”. Les signataires ont enfin indiqué : “Nous considérons que, dans le cadre de votre mandat, votre responsabilité est engagée dans l'exécution des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, à la protection des droits de l'homme et au respect, sans nuances, du droit international.” Soulignons que les membres de la délégation française ont décidé de transmettre cette lettre aux candidats à la prochaine présidentielle en France, en promettant de leur demander d'intégrer dans leur programme la question sahraouie. Ces porteurs d'un nouveau message du pays de la Proclamation des droits de l'homme se sont également engagés à sensibiliser l'opinion publique française aux préoccupations des populations sahraouies, dont celles des réfugiés, et à organiser des manifestations “pour que la France joue le rôle qui est le sien et pour que le peuple sahraoui puisse exercer son droit à l'autodétermination”. H A