Ils étaient des dizaines de milliers dans la rue pour fêter le premier anniversaire du mouvement. Parce qu'ils estiment que les responsables de la crise ne sont pas ceux qui en paient les pots cassés, ils redescendent dans la rue. Des dizaines de milliers d'Indignés ont manifesté en Espagne pour fêter l'an I de leur mouvement, dénonçant la crise, la corruption et le chômage. À Madrid, scandant leurs slogans favoris comme “ils ne nous représentent pas”, les Indignés ont envahi dans des roulements de tambour la Puerta del Sol, la grande place du centre de la ville qui a vu naître le mouvement, le 15 mai 2011, défiant l'interdiction officielle de manifester après 22 heures. C'est sur cette place de la Puerta del Sol que s'était installé, il y a un an, le campement des Indignés, avant de faire des émules dans le monde entier. Pendant quatre jours, les manifestants ont l'intention de tenir sur la place une assemblée permanente avec des pancartes : “Votre dette, ne la payons pas”, d'autres proclamant: “Nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiques ou des banquiers”, “La violence, c'est de gagner 600 euros”. Au-dessus de la foule d'autres banderoles avec un seul mot, “Non”, et une paire de ciseaux dessinée, figurant les coupes budgétaires sévères qui frappent la santé, l'éducation et les autres services publics. Ils sont toujours dans cette “place Tahrir” espagnole, encadrés par de nombreux cars de police stationnés dans les rues voisines, levant les bras au ciel, par intermittence pour hurler en signe de défi : “Oui, nous pouvons, oui, nous pouvons”. Selon les organisateurs, au total, des manifestations furent organisées dans 80 villes d'Espagne pour expliquer qu'un autre monde est possible. Cependant, le mouvement peine à trouver un prolongement politique. Si en 2011 le gouvernement socialiste avait préféré temporiser, le gouvernement de droite, arrivé au pouvoir dans l'intervalle, a cette fois affiché sa fermeté, déclarant illégale toute tentative d'installer un nouveau campement et imposant des restrictions horaires aux manifestants. Mais les raisons de manifester sont encore plus fortes qu'il y a un an : le chômage a encore grimpé en Espagne et frappe un actif sur quatre (24,4%), tandis que le gouvernement est engagé dans une politique de rigueur sans précédent. C'est ainsi que les rues d'Espagne sont envahies presque chaque semaine par les manifestations convoquées par les syndicats contre la rigueur. Les Indignés qui ont refusé de se constituer en parti ont perdu en visibilité. Résultat: beaucoup de petits groupes relativement déconnectés entre eux qui ne forment plus un mouvement social. Ne reste que l'aspect festif. D. B.