Dans une allusion au mouvement de redressement au sein de son parti, il invite les contestataires à “prendre leur mal en patience, et en silence, ou mourir de dépit”. La première sortie publique du secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, à l'issue des résultats des législatives, a été consacrée jeudi à une réunion avec les nouveaux députés de son parti. Dans une ambiance de fête organisée sous un chapiteau au complexe touristique de Mazafran, à Zéralda, Belkhadem a eu un discours des plus virulents, une première, à l'endroit de ses alliés politiques mais aussi à l'ensemble de ses pourfendeurs. S'attaquant dès l'entame de son allocution à ceux qui dénoncent une fraude électorale, Belkhadem ne manquera pas d'ironiser en lançant : “la fraude dont parlent certains n'est qu'une illusion due au choc de 220 volts”, allusion aux 220 sièges attribués au FLN à l'issue du scrutin (221 après validation par le conseil constitutionnel). Selon lui, “les élections supervisées par des magistrats se sont déroulées dans la transparence et en présence de plusieurs observateurs. Seuls ceux que les urnes ont désavoués se sont avisés de contester la crédibilité du scrutin”. Et de préciser : “ceux qui s'adonnaient durant les derniers mois aux pronostics tentent désormais de justifier leur défaite.” Dans ce contexte, il n'a pas manqué de relever les “tentatives de marginalisation” dont son parti a fait l'objet depuis les évènements d'octobre 1988. Il a expliqué que son parti adopte un programme qui prend en compte les enjeux majeurs de la nation et les préoccupations populaires de fond, “laissant la diffamation aux personnes et partis qui ont opté dans leur programme pour les injures en vue de dissimuler leur incapacité à élaborer des programmes qui répondent aux aspirations du peuple”. Belkhadem s'attaque aux islamistes Le secrétaire général du FLN indiquera que “ceux qui ont fondé de grands espoirs lors des législatives sur ce qui s'est passé dans certains pays arabes, en prédisant un printemps, qui ne tient du printemps que le nom, ont commis une grave erreur politique, car les Algériens refusent de s'assimiler aux autres”. Le patron du parti a appelé dès lors ceux qui “ont échoué dans les législatives à faire preuve de courage politique et à assumer l'échec des thèses de certaines personnes et partis”. Selon lui, “assumer cette défaite est une condition pour atteindre la rectitude politique”. “Les dirigeants de ces partis et leurs soutiens médiatiques et financiers auraient dû réfléchir longuement avant de prédire une large victoire qui leur ouvrirait les portes du pouvoir pour la formation d'un gouvernement”, lance-t-il sous les applaudissements des nouveaux députés. Toujours dans sa diatribe contre ses partenaires politiques de l'alliance présidentielle, Belkhadem estimera que “les dirigeants des partis politiques qui se respectent et appliquent la démocratie reconnaissent leur défaite après tout échec de leur programme ou slogans dans n'importe quelle échéance politique ; assument pleinement leur responsabilité et recourent à la démission sans manquer de féliciter le parti vainqueur”. La victoire du FLN aux législatives du 10 mai dernier a été réalisée, estimera en outre Belkhadem, “grâce aux hommes de bonne volonté, à leur tête le président de la République, qui ont œuvré pour la consécration de la sécurité et de la stabilité en Algérie”. Le FLN s'alliera avec des partis “nationalistes” “Le FLN pourrait s'allier avec des partis de tendance nationaliste, lesquels pourront s'entendre avec nous sur une plate-forme commune et dont les programmes sont proches de celui du FLN”, a assuré Belkhadem en marge d'une cérémonie organisée au siège du parti à Hydra dans l'après-midi. “Le FLN, dira-t-il, est pour l'élargissement de l'Alliance dans le but de faire participer le plus grand nombre de forces politiques à la gestion des affaires publiques.” Conscient de l'impossibilité de gouverner seul, Belkhadem exprimera l'attachement de son parti au “pluralisme”. “La logique et la gouvernance du parti unique n'auront plus lieu d'être”, dit-il tout en expliquant que “des échos nous parviennent faisant état d'une inclination à la domination. Plébiscité par le peuple, notre parti demeure conscient que la gestion des affaires publiques nécessite l'élargissement du champ de participation, ce qui implique un bannissement de la logique de la domination.” Son argument est qu'“aucune formation politique, y compris le FLN, n'est en mesure d'aboutir seule à des solutions à même de faire face aux défis qui se posent”. “Le FLN apprécie à sa juste valeur la lourde responsabilité dont les urnes l'ont investi et œuvrera à honorer ses engagements”, promet Belkhadem. Evoquant la contestation au sein de son parti, il les a exhortés à “prendre leur mal en patience et en silence ou mourir de dépit”. Aussi et au terme de la rencontre, les nouveaux députés disent plébisciter le SG du FLN dans un communiqué lu aux participants. “Le SG a été plébiscité pour les listes du parti, nous lui exprimons notre engagement à respecter les statuts ainsi que le règlement intérieur du parti. Tout comme nous le considérons comme étant l'unique et le seul porte-parole du FLN.” N M