Après les mécanismes politique, parlementaire, juridique, militaire et de renseignement, les pays du champ passent à la dernière étape. La vulnérabilité des populations de la région du Sahel est accentuée par la sécheresse particulière depuis une année avec un flagrant déficit en pluviométrie et les conflits armés dont la conséquence est le déplacement de la population venu rajouter au fardeau des familles d'accueil. Face à cette situation, des organismes d'aide humanitaire semblent souvent dépassés par l'ampleur du drame. C'est dans ce cadre qu'un forum Croissant-Rouge et Croix-Rouge des pays du Sahel a été organisé hier à Alger. Ce forum, qui a permis d'abord la présentation des différentes sociétés nationales, vise surtout à compléter le dispositif de la stratégie globale mis en place par l'Unité de fusion et de liaison dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le développement de la sous-région du Sahel. Ainsi, après les mécanismes politique, parlementaire, juridique, militaire et de renseignement, les pays du champ passent à la dernière étape en mettant en place un mécanisme humanitaire. Même si une plate-forme commune n'est pas dégagée au premier jour des travaux qui s'achèvent demain, les participants sont d'ores et déjà d'accord pour adopter le mode “délibératif”. La proposition a déjà été faite par le président du CR algérien à la rencontre de Genève en décembre 2011 et au Forum sino-africain de Shanghaï. Le représentant de la Croix-Rouge du Niger, M. Diara, a proposé que soient tenues en compte des recommandations du forum de ShanghaI et du Sahel, tenu à Dakar, au Sénégal, qui a réuni 10 sociétés nationales. Des recommandations “pertinentes” pour faire face aux problèmes et relever les défis. Il a souhaité que les gouvernements s'impliquent de manière effective dans ce combat humanitaire. Il s'agit, en bref, selon lui, de faire des propositions et plaidoyer auprès des pouvoirs publics. M. Hadj Hamou du CRA a mis l'accent sur la neutralité et l'impartialité des sociétés nationales sur le terrain dans le respect de la dignité humaine. Ce qui n'est pas le cas évidemment des organismes Sans Frontières qui jouent sur “la sympathie” et adoptent un langage tiré du lexique de l'indignation. Des organismes qui se sont octroyé une grande liberté d'action sans respect de la morale avec une transgression des souverainetés nationales. Et Hadj Hamou de citer l'exemple frappant de l'Arche de Zoé. Ayant perdu la confiance des Etats, quelques-unes ont disparu, a-t-il relevé. Il a plaidé pour la mise en place d'une entité légale sous-régionale ; nécessité induite par les mutations provoquées par la précarité et la violence armée qui impliquent, pour réussir à relever les défis, le travail en de petits groupes sur les projets réalisables. Un choix de coopération bilatérale et sous-régionale serait plus efficace s'il est intégré dans l'édifice mis en place par l'UFL, cela d'autant que les pays de la région font face à des défis communs et ont les mêmes objectifs. De son côté, la représentante du CICR en Algérie, Leïla Chetioui, a mis l'accent sur la situation des réfugiés maliens, conséquence des affrontements au Mali, qu'il faut “combattre”, mais également l'insécurité alimentaire. “Cette situation risque de perdurer”, dit-elle. D'où l'urgence, selon elle, de mener des actions coordonnées. La situation est encore plus grave, comme décrit par M. Diara, le doyen des représentants, avec la question des réfugiés maliens ayant fui le terrain des affrontements et qui sont installés dans les zones déjà touchées par la sécheresse. “Des zones précaires accentuées par l'arrivée des réfugiés”, rendant ainsi “les défis énormes”, selon la représentante de la CR burkinabaise, Mme Balima, dont le pays a accueilli plus de 64 000 réfugiés alors qu'il n'avait prévu que 25 000. Même constat, malheureusement, pour la Mauritanie qui fait face aux mêmes phénomènes. Son appel à l'aide humanitaire est encore en vigueur alors que le plan de son CR 2012-2013 vient d'être “contrarié” par la situation au Mali. En plus des populations des zones touchées par la sécheresse, la CR et l'Etat s'attachent à venir en aide aux réfugiés maliens ainsi qu'aux familles (elles sont 600, selon M. Isselmou Ould Mohamed Vall, représentant du CR) qui les accueillent. À l'unanimité, les participants sont pour la “mutualisation” de leurs moyens afin de lutter avec efficacité contre l'insécurité alimentaire et la malnutrition qui rendent des zones entières vulnérables susceptibles de constituer des cibles pour les groupes criminels qui disposent de moyens financiers à même de procéder à des recrutements ou créer des réseaux de soutien. Les travaux devraient être sanctionnés par une déclaration commune et certainement la mise en place du mécanisme humanitaire des pays du champ. D B.