La crise au sein du Front des forces socialistes (FFS), exacerbée après les élections législatives, prend une nouvelle tournure. Le conseil national, qui s'est réuni en session ordinaire vendredi à Alger, a adopté, hier, une résolution dans laquelle il demande à Karim Tabbou, l'ex-premier secrétaire du parti, de remettre son mandat de député. “Après évaluation de la campagne électorale des législatives, le conseil national a eu à constater le comportement nuisible au parti de quelques militants durant cette campagne. Le conseil national a décidé de les traduire devant le conseil national de médiation et de règlement des conflits. Cette décision s'est matérialisée par le vote d'une résolution", indique le FFS dans les textes qui ont sanctionné les travaux du CN. Mais hormis Karim Tabbou, aucun autre nom de cadre ou de militant, accusés “de comportement nuisible", n'a été cité. “Le conseil national a, par ailleurs, adopté une résolution exigeant de Karim Tabbou, élu député sur la liste du FFS de Tizi Ouzou, de remettre son mandat pour comportement indigne et nuisible au parti", note le texte. Contacté juste après la publication de cette résolution, Karim Tabbou a laissé entendre qu'il n'est pas disposé à accéder à leur demande. “Le premier acte que le FFS doit accomplir pour le respect de l'éthique et du suffrage universel, c'est d'abord de restituer le mandat des députés qui ont été offerts par le Conseil constitutionnel. Je défie tous les députés du FFS de remettre leur mandat puisque le secrétariat national n'a pas cessé de faire des appels au pouvoir pour mettre en œuvre les clauses du deal passé avec le parti. Etant donné que la situation est restée la même avant et après les élections, la participation tactique doit tout simplement céder la place à un retrait tactique", dit-il. “Par l'exercice de mon mandat, je donnerai l'occasion et la possibilité de voir aux militants et aux citoyens qui de nous-moi ou les députés du quota bonifié assumeront les positions authentiques du FFS", soutient Tabbou. Aït Ahmed interpellé Déjà peu de temps dans la journée, l'ex-premier secrétaire du FFS a signé une déclaration en compagnie d'une vingtaine de membres avec les titres de membres du conseil national dans laquelle ils ont exprimé leur souhait d'“une intervention politique du président pour la prise de mesures concrètes à même de restituer le parti à ses militants, condition sine qua non pour la sauvegarde du parti". Les signataires dont des élus et d'ex-secrétaires fédéraux ont dénoncé “toutes les pratiques d'exclusion" et ont exprimé leur “solidarité" avec “nos camarades victimes de sanctions arbitraires et injustifiées", dans une allusion aux cadres, objet de sanctions. Outre l'exigence de l'ouverture d'“un débat rassembleur de toutes les énergies pour renforcer le parti et préserver son autonomie de décision", les signataires saluent toutes “les initiatives et les prises de position allant dans le sens de l'enrichissement du débat, de la consolidation des principes et valeurs du parti, de l'enracinement de la culture démocratique pour la préservation de son capital politique et historique". Selon eux, le FFS est victime d'un complot. “Cette œuvre, menée de l'intérieur par les détenteurs de la décision du parti, appuyés par une faction du pouvoir proche de la présidence de la République, vise à le normaliser pour briser l'espoir démocratique des militants et du même coup mettre fin à toute velléité de changement dans notre pays", écrivent-ils. “Son acceptation d'un quota bonifié de sièges au Parlement, son renoncement à sa ligne politique d'opposition au système, son éloignement progressif des valeurs et de ses principes fondateurs, attestent de ce changement de cap et d'orientation politique", ajoutent-ils encore. Ils accusent la direction d'avoir consacré “la violence et la corruption comme mode de gestion du parti". “Nous sommes convaincus qu'à défaut d'un sursaut démocratique véritable et salvateur, le FFS perdra toute sa crédibilité. Chacun de nous et nous tous devrons assumer nos responsabilités devant l'histoire", conclut le texte. Mais au sein de la direction, on ne semble pas ébranlé outre mesure. Dans le cadre de la restructuration du parti, un calendrier d'installation des commissions administratives fédérales chargées de préparer l'élection des structures fédérales et de section a été adopté. Il s'étalera de la fin juin à septembre. K K