Il a annoncé la convocation, ce jeudi, d'une session extraordinaire du conseil national pour une évaluation «rigoureuse des élections». Le premier secrétaire national du FFS, Karim Tabbou, remet son mandat. A partir d'hier, Karim Tabbou n'est plus à la tête du Front des forces socialistes. «Dans le respect des conceptions que je me fais de l'éthique et de la pratique politique, je remets mon mandat au président du parti» a souligné M.Tabbou, hier lors d'un bref point de presse organisé au siège du parti. Le désormais ex-premier secrétaire national du FFS défend que son acte soit mis sur le compte des démissions. «Il faut qu'on soit clair et précis, et éviter de jouer avec les mots: j'ai remis mon mandat, mais je n'ai pas démissionné» a tenu à préciser Karim Tabbou. Et d'ajouter: «Je ne suis ni dans une situation d'échec, ni encore moins dans le désespoir». Une question reste cependant en suspens: Pourquoi le premier secrétaire national du FFS a-t-il remis son tablier? «Je respecte l'éthique politique de mon parti» se contente-t-il d'argumenter, tout en annonçant la convocation, ce jeudi, d'une session extraordinaire du conseil national pour une «évaluation rigoureuse des élections». Loin de l'acte de la remise du mandat, en lui-même, que les observateurs de la scène politique jugent de courageux, les observateurs de la scène politique, et des affaires du FFS, ne manquent pas de souligner que le départ de Karim Tabbou est occasionné, en premier lieu, par la débâcle que le parti a essuyé lors des élections locales du 29 novembre dernier. Mais Karim Tabbou, estime que l'essentiel étant de participer à ces élections «c'était la seule décision juste, la seule décision possible, qu'importent les résultats et le nombre de sièges à obtenir». En ce sens, il faut dire que le plus vieux parti de l'opposition algérienne a perdu énormément de sièges au cours de ces élections. Il a même essuyé un échec cinglant, notamment en Kabylie, région réputée pour être son fief, mais aussi dans l'Algérois. Et si cette défaite peut être mise sur un quelconque registre, elle le sera assurément dans celui de la défaite de la stratégie adoptée par Karim Tabbou dans la gestion des affaires de ce parti, d'obédience socialiste. Cette thèse ne peut être imaginée que par la série de démissions dont a fait état le parti à la veille du double scrutin du 29 novembre. Il est sans doute bon de rappeler que la confection des listes de candidatures, telles qu'elles étaient conçues par le Bureau national du FFS, n'a pas plu à plusieurs militants du parti. Situation qui n'a pas été sans provoquer un chambardement général au sein du Front des forces socialistes, notamment dans la wilaya de Tizi Ouzou, et dans l'Algérois, où la liste des démissions du parti a été d'autant plus longue qu'elle a provoqué une véritable saignée au sein de cette formation politique. Et ce n'est pas tout. On reprochait au désormais ex-premier secrétaire national du FFS d'avoir «géré les affaires du parti d'une main de fer». Ce à quoi Karim Tabbou ne juge pas utile de répondre, se contentant plutôt d'affirmer: «Depuis mon installation à la tête du secrétariat national du Front des forces socialistes, j'ai eu à organiser des échéances internes décisives (l'audit, la conférence nationale, et le 4e congrès du parti). Je me suis engagé à remettre en oeuvre les résolutions d'ouverture issues de notre 4e congrès». Mieux encore, Karim Tabbou crie à qui veut l'entendre: «J'assume ma part de responsabilité dans la prise de décision par le parti, de participer aux élections locales du 29 novembre 2007, sous état d'urgence avec toutes les conséquences et tous les risques électoraux que cela comporte». M.Tabbou ne va pas sans réitérer sa ferme conviction en affirmant: «En ces quelques mois, j'ai eu à assumer des missions qui engagent l'avenir du parti. Au-delà de la conjoncture politique du pays, en général, et celle dans laquelle se retrouve le FFS, en particulier, l'on est en droit de s'interroger: quel sera l'avenir du parti après que Karim Tabbou eut remis son mandat?» Ce à quoi, Rachid Halit, ancien militant du FFS, répond: «Le parti ne souffrira d'aucune crise interne. D'autant plus que le dernier mot revient au président du parti». Justement, quelle sera la décision que prendra Hocine Aït Ahmed vis-à-vis de la position de son «disciple»? Et si le Zaïm le reconduit à la tête du secrétariat national, quelle serait la réaction de M.Tabbou? «Evitons d'anticiper les événements. Moi, je suis toujours à la disposition du parti. Je dis et je le redis: je n'ai pas démissionné. Je reste encore digne militant du parti» tranche Karim Tabbou. Celui-ci reste serein et confiant en lui-même: «Je n'ai pas été poussé à remettre mon mandat. Et je crois que je suis le premier responsable politique, en Algérie, à remettre mon mandat. Je suis donc tranquille et honnête vis-à-vis de ma conscience, et surtout vis-à-vis de mon parti» insiste M.Tabbou, et de conclure: «Je ne suis pas un politicard, mais un politique».