Le conférencier a expliqué que l'Algérie était en état de légitime défense en faisant face à une insurrection islamiste de plus de 25 000 hommes. Invité au forum du quotidien national d'information DK News, le président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme (CNCPPDH), a donné, hier son appréciation sur l'évolution du dossier du général à la retraite, Khaled Nezzar, au niveau de la justice suisse. D'emblée, il dira qu'à son avis le juge en charge de cette affaire “va dans la mauvaise direction". “Je me suis senti indigné qu'un Algérien, ancien ministre de la Défense, soit interpellé comme un vulgaire assassin alors qu'il a défendu les valeurs de la République contre le terrorisme." Farouk Ksentini explique que “l'Algérie était en état de légitime défense. On était en guerre et aucune guerre n'est propre. Il y a eu certainement des dépassements mais pourquoi rendre responsable une seule personne". Il poursuit : “Nous faisions face à 25 000 terroristes au moment où les pays occidentaux refusaient de nous vendre des armes. Aucun pays au monde n'a eu affaire à ce nombre. Il faut relever à juste titre que l'armée a été prise au dépourvu par le terrorisme. Voilà, donc, un homme qui a défendu la République dans le cadre de son institution et à qui on demande des comptes. À mon avis, cette perception des choses est complètement infondée." Farouk Ksentini soutient que beaucoup de citoyens partagent sa vision des choses et pensent qu'il faudrait créer une mobilisation pour recueillir 3 millions de signatures en faveur de Khaled Nezzar. L'ancienne ministre de la Solidarité nationale, Saïda Benhabylès, tient à rappeler dans ce sens, que “ce sont des membres du Fida qui sont derrière la plainte contre le général en retraite" au niveau de la justice suisse. “Il faudrait mettre en relief que ce sont des chefs terroristes qui ont massacré l'élite algérienne qui sont derrière cette affaire. Ce ne sont pas des anges, mais des diables." Saïda Benhabylès interpelle ensuite Merouane Azzi, président de la cellule d'assistance judiciaire pour l'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale sur la question des fortunes amassées par les chefs terroristes et blanchies en toute impunité. Ce dernier réplique : “Je ne peux pas parler au nom de l'Etat. S'il décide d'ouvrir une enquête, il dispose de toutes les données pour le faire. Ce que je sais est que certains repentis, à l'instar de beaucoup de citoyens, ont bénéficié des mesures de l'Ansej." Merouane Azzi revient sur la nécessité de solliciter le chef de l'Etat pour la promulgation de lois complémentaires pour le parachèvement du processus de la réconciliation nationale. Il indique que la cellule qu'il préside a transmis à la Présidence des propositions pour régler les dossiers, des enfants nés dans le maquis, des femmes violées, des pertes et des dégâts matériels et des internés dans les camps du sud du pays. Selon lui, la réconciliation nationale est un succès. “Il y a eu 8 500 terroristes qui ont déposé les armes entre 2006 et 2012. Ce n'est pas un indice d'échec. Entre janvier 2012 et juin 2012, on a enregistré 25 redditions." Merouane Azzi insiste sur le recours au test ADN pour régler les cas difficiles d'enfants nés dans le maquis et soutient que le dossier des femmes violées est complexe car, selon lui, beaucoup de femmes qui ont perdu leur virginité dans d'autres conditions, surtout à l'intérieur du pays, ont fait de faux témoignages. Abordant le chapitre des droits de l'Homme, Farouk Ksentini estime que dans notre pays “les droits de l'Homme ne vont pas bien, mais de mieux en mieux. On ne peut pas dire qu'on est dans un Etat de droit, c'est malhonnête de l'affirmer, seulement les choses s'améliorent". Ce retard s'explique, pense-t-il, par la période de colonisation “qui est la négation des droits de l'Homme", par le règne du parti unique et les années du terrorisme. “Mais aujourd'hui, je constate qu'il y a une volonté politique et une demande constante du peuple pour construire un Etat de droit. Toutes les sensibilités politiques sans exception sont pour le respect des droits de l'Homme. Nous avons un consensus national pour faire évoluer les choses", déclare Me Ksentini. Il considère que dans le cadre des efforts à venir, “la priorité doit être donnée à la révision du code de la famille, la loi sur la presse d'apporter plus de satisfaction au droits sociaux et d'améliorer le fonctionnement de la justice à qui il manque de rendre des décisions de qualité". Enfin, Farouk Ksentini fait part de son inquiétude par rapport à notre économie qui continue “à être une économie des importations". Il affirme que cette préoccupation occupe une large partie du rapport 2012 sur la situation des droits de l'Homme rédigée par la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme. N H