Mercredi 29 août. Le village Aït Yahia est cerné par des flammes ravageuses. N'arrivant pas à joindre la Protection civile, qui était débordée ce jour-là, nous a-t-on signalé, les habitants de ce village (commune de Tadmaït, 17 km de la ville de Tizi Ouzou), ont dû recourir à notre bureau pour alerter la Protection civile, d'un départ de feu à proximité du village. Les pompiers étaient injoignables durant cet après-midi-là. Quand on est arrivé sur les lieux, les habitants faisaient face à l'incendie avec des moyens dérisoires. Ils se sont mobilisés dès le départ du feu, vers 14h. Sur les lieux, l'air était irrespirable. La chaleur, attisée par celle du feu, était intenable. Les habitants ont combattu les flammes avec courage. Les hommes de la Protection arrivent enfin à bord d'un vieux camion Berliet qui datant de 1986. Il avance péniblement, supportant mal le poids de la citerne d'eau. Deux sapeurs-pompiers ont agi promptement. Ils s'affairaient à dérouler et raccorder les tuyaux, en cherchant le meilleur accès possible aux foyers de feu. Mais, les accès sont inexistants pour ce genre de situation. Visiblement, les tuyaux sont vétustes et les joints sont très usés. L'eau se perd. Un adolescent tente de récupérer l'eau à l'aide d'un sachet en plastique. L'image est rocambolesque. Les villageois sont dans le désarroi. Les témoignages sont déchirants. « Quand on a aperçu le départ du feu, nous avons immédiatement demandé à un agent de l'ADE de nous alimenter en eau. Il suffisait d'ouvrir les vannes. Mais, en vain », tempête un jeune villageois. Un autre renchérit : « Nous avons épuisé toutes nos réserves en eau potable que nous avons stockées pour notre consommation, à cause des coupures qui sont fréquentes. » Fûts, jerricanes, branchages d'arbres, terre ont été alors le seul recours. Les scènes d'affolement sont indescriptibles. Des va et vient entre les oliveraies et les tonneaux sont incessants. Pendant ce temps-là, les sapeurs-pompiers font l'impossible avec leurs moyens. Les volontaires manquent d'eau. Selon leurs témoignages, l'ensemble des villages sont alimentés en eau périodiquement et à tour de rôle. Sur l'autre côté de la route, dans une prairie, des travaux de raccordement au réseau AEP semblent s'étirer. La forte mobilisation a eu raison des flammes. « Heureusement que nous avons ce légendaire sens de solidarité. Vous auriez pu assister à une catastrophe, n'était cette main-forte prêtée par nos concitoyens », tonne cet éleveur, la chemise toute mouillée et pleine de cendre. Les murs des premières demeures noircies par le feu, en témoignent. Les femmes et les enfants ont été évacués chez d'autres familles, par crainte de voir leurs habitations décimées. Dans les champs, une dizaine d'hectares d'oliveraies a été ravagée par l'incendie, dont plus d'une centaine d'oliviers. Les propriétaires s'interrogent si l'Etat va les indemniser. Ils sont anxieux. Un poulailler et une écurie, dont les animaux ont été évacués, sont réduits en cendres. En fin d'après- midi, les pompiers ont pu neutraliser les derniers foyers susceptibles de relancer l'incendie. A Aït Yahia, il n'y avait pas mort d'homme, fort heureusement. Mais, il est important de mettre l'accent sur des lacunes et le manque de moyens. Et, on s'interroge si les pouvoirs publics pourraient affronter une catastrophe naturelle d'une envergure supérieure à celle que vient de connaître la wilaya de Tizi Ouzou.