Résumé : N'ayant pas pris de précautions depuis mon mariage, je constate que j'étais enceinte. Je n'en revenais pas ! Youcef est fou de joie. J'entame le cycle de ma grossesse en faisant face à tous les aléas des femmes enceintes. Mon médecin me rassure. Mais je subis difficilement la phase des envies. Le bébé commençait à donner des signes d'impatience. Je le sentais bouger dans mon ventre. Parfois je recevais de sacrés coups de pied qui me laissaient pliée en deux. Youcef riait et me tançait : - Dis-lui de penser donc un peu à moi. - J'aimerais bien, figure-toi. Je ne sais pas si tu peux imaginer le poids à supporter et les malaises quotidiens auxquels les femmes enceintes doivent faire face. - Je les partagerais volontiers avec toi si cela m'était possible. Hélas, je ne peux rien faire. Les mois passent. La phase des envies dépassée, je me sentais beaucoup mieux. Mon ventre ne cessait de s'arrondir, et je devenais de plus en plus lourde. Mon médecin me conseilla de faire du sport et de marcher au maximum afin de préparer l'accouchement. Chaque fin de journée, Youcef m'emmenait marcher dans des endroits aérés. Quelques exercices physiques me permirent de garder un bon moral. Je devenais pourtant de plus en plus grosse et laide ! Ah ! Le mot n'est pas assez fort, pour décrire mon visage boursouflé, mes yeux cernés, mon nez enflé, et mes jambes endolories, qui avaient perdu jusqu'à leur tracé. Que doivent endurer les femmes pour donner la vie ? Un calvaire ! J'étais presque à terme. Mon médecin m'avait rassurée en me disant que tout allait bien, et que le moment venu, je devais accoucher normalement et dans les meilleures conditions. - Encore une ou deux semaines, et vous serez heureuse de bercer votre bébé dans vos bras. Je le pris au mot. De quoi aurais-je donc peur ? Que pourrais-je appréhender, puisque tout allait bien. Des jours durant, j'avais interrogé des femmes à ce sujet. Ma belle-sœur m'avait dit d'un air affligé, qu'avec toutes les volontés du monde, toutes les futures mamans doivent passer par l'enfer. L'accouchement n'a jamais été une partie de plaisir et plus d'une femme y avait laissé sa vie. Mon inquiétude s'était accrue, alors que j'apprenais que l'une de nos collègues était restée trois jours dans un coma profond, suite à des complications durant son accouchement. D'autres témoignages vinrent noircir un tableau déjà pas trop beau. Des femmes de tout âge me racontèrent leur expérience. A la fin de leur récit, chacune d'elles tenta de me rassurer par des mots apaisants, mais pas tout à fait convaincants. Chaque fois que j'abordais le sujet avec Youcef, il prenait un air sévère et me sermonnait : - Cesse donc de glaner ces balivernes chez n'importe qui, tu oublies que tu es suivie par un spécialiste expérimenté dans le domaine, et que tu n'as rien à craindre d'une chose aussi naturelle que celle de donner la vie. Youcef n'était pas aussi serein qu'il voulait le paraître. Lui aussi appréhendait la fin de ma grossesse. Un jour, il se rendit même chez mon médecin pour lui poser certaines questions, et s'assurer que je pouvais mettre au monde un enfant, sans trop de difficultés. Lorsqu'il m'apprit qu'il avait reçu des instructions strictes et fiables afin de m'aider à bien mener ma grossesse, je me suis mise à rire. Je savais que Youcef s'inquiétait pour moi. Mais je ne m'attendais point à ce qu'il ose s'aventurer ainsi chez mon gynécologue pour discuter de mon état. - Voyons Youcef, je sais ce que je dois faire. Je ne dois pas me fatiguer, pas m'irriter, je dois bien manger, bien dormir et imposer mes caprices. Je tire ma langue : - C'est le moment ou jamais où les femmes doivent s'imposer. Lorsqu'on attend un enfant, nous les femmes devenons exigeantes et capricieuses, car après cela, il sera bien trop tard pour nous de réclamer un peu d'attention. Youcef m'attire contre lui : - Ne trouves-tu pas que tu es bien plus capricieuse que les autres femmes dans ton état? Et puis, ta grossesse à part, tu as toujours imposé tes quatre volontés. T'ai-je refusé quelque chose un jour ? Je hoche la tête d'un air affirmatif : - Oui, tu ne veux toujours pas enlever tes chaussures à l'entrée. (À suivre) Y. H.