Personnage parfaitement bien saisi par le réalisateur écossais qui écrit la légende de Bob Marley au présent. Bob Marley est une légende. Oui, mais on le savait déjà ! Ce qu'on sait moins, c'est comment il l'est devenu, ce par quoi il est passé et les différentes étapes qui ont jalonné sa vie. Ce que Kevin Macdonald, réalisateur entre autres du superbe “le Dernier roi d'Ecosse" et “Jeux de pouvoir", réussit parfaitement à saisir. Construit autour de témoignages de sa famille, de ses proches, des membres de son groupe “The Wailers", Bob Marley apparaît dans le documentaire projeté samedi soir à la salle Ibn Zeydoun (Riadh El-Feth) – dans le cadre du 2e Festival international du film d'Alger dédié au Film engagé –, comme un homme engagé. Oui, c'est bien beau, mais à notre époque le terme “engagement" est vidé de sa substance et ne signifie presque plus rien pour grand monde, d'autant que tout est diabolisé ou ramolli avec cynisme. Pourtant, le besoin aujourd'hui de symboles ou d'icones à l'image de Bob Marley est nécessaire. Kevin Macdonald, en collaboration avec la famille de l'artiste qui a ouvert ses archives privées au réalisateur, dresse le portrait d'un jeune homme qui s'est toujours senti rejeté parce que métis, qui est né et a grandi dans la pauvreté, mais qui a toujours eu l'intime conviction de s'en sortir, de sortir du “ghetto" et de réussir sa vie. à travers des témoignages, des extraits de quelques rares interviews de Bob Marley et des images de ses concerts dans le monde entier, on en apprend davantage sur un artiste qui a chanté la paix, la tolérance, l'amour et la résistance. Rastafari convaincu, Bob Marley avait un rapport particulier à ce mouvement qu'il considérait comme une religion. Le documentaire ne passe rien sous silence et montre également que Bob Marley était un père absent, qui multipliait les aventures avec les femmes, toutes sous son charme et/ou son emprise, qu'il adorait le football, qu'il avait un grand esprit de compétition, même avec ses enfants. Les témoignages évoquent le charisme, le talent, le don qu'avait cet artiste. Lee Scratch Perry, producteur et musicien jamaïcain, dira dans le documentaire que la recette du succès de Bob Marley, grand amoureux de la vie et des humains, est qu'“il raconte une histoire triste et la raconte bien". Kevin Macdonald consacrera une partie de son film documentaire, qui s'apparente presque à une fiction, à l'Afrique et à la paix qu'a trouvée Bob Marley en l'explorant, en y animant des concerts et en partageant son art avec les Africains. Le réalisateur, sensible à tous les détails, fussent-ils anodins, s'intéressera également au reggae. Une musique, fusion de plusieurs styles, qui se sent, qui se vit mais qui ne s'explique pas. “Marley" est un film de référence qui revient sur Bob Marley comme phénomène culturel, mais qui dessine également les contours d'un portrait intimiste d'un artiste de grand talent, d'une icône, dont la voix fait écho à notre époque, auprès de générations de jeunes qui se réapproprient ses textes, ses chansons, et parfois même ses engagements pour la paix, pour un monde meilleur. Personnage parfaitement bien saisi par le réalisateur écossais qui écrit la légende de Bob Marley au présent. Un film qui passe tel un rêve où les contours d'une vie hors du commun se dessinent. Celle d'un homme troublant de simplicité, passionné par la vie, par son art. Tout son art se résume dans “Redemption song" où il dit : “All I ever had, redemption songs/ These songs of freedom, songs of freedom" (Parce que tout ce que j'ai c'est des chansons de rédemption. Des chansons de rédemption). S K