Moscou n'en démord pas au sujet de l'avenir de Bachar Al-Assad, en réaffirmant que son éviction du pouvoir ne figurait pas dans les accords internationaux, et a jugé qu'elle était “impossible à mettre en œuvre". Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est revenu, ce dimanche, sur le départ du président syrien Bachar Al-Assad du pouvoir, une des conditions de l'opposition pour entamer tout dialogue. Il a estimé que c'était “impossible à mettre en œuvre", parce que ce point ne figurait pas dans les accords internationaux. “Nos partenaires sont convaincus qu'il est indispensable préalablement d'évincer Bachar Al-Assad du processus politique", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, cité par les agences russes. “C'est une condition préalable qui n'est pas contenue dans le communiqué de Genève (adopté en juin par les grandes puissances, ndlr) et qui est impossible à mettre en œuvre, car cela ne dépend de personne", a-t-il ajouté à l'issue d'une rencontre en Ukraine avec son homologue ukrainien, Leonid Kojara. “Si on met l'accent sur l'éviction du président syrien comme condition préalable, le prix à payer sera alors, je l'ai déjà dit, encore et encore de nouvelles victimes, et ceux qui soutiennent cette approche doivent en porter la responsabilité", a-t-il encore dit, estimant que les conditions préalables rendaient “impossible le début d'un dialogue". Sergei Lavrov a reconnu que le discours du président syrien du 6 janvier, dans lequel il proposait un plan pour sortir de 21 mois de conflit prévoyant la fin des opérations militaires, suivi d'un dialogue national sous l'égide de son propre gouvernement, n'allait pas assez loin. “Oui, ces initiatives, sans doute, ne vont pas assez loin, elles ne paraissent pas sérieuses aux yeux de certains", a-t-il estimé. “Mais ce sont des propositions. Et si j'étais à la place de l'opposition, je présenterais en retour mes propres idées pour instaurer un dialogue", a-t-il toutefois ajouté. Le plan de Bachar Al-Assad a été condamné par les pays occidentaux et rejeté à la fois par l'opposition en exil et par celle tolérée par le régime à l'intérieur de la Syrie. Par ailleurs, les médias officiels syriens ont mené hier une nouvelle charge contre le médiateur international Lakhdar Brahimi, le qualifiant de “touriste âgé" et lui demandant de renoncer à sa mission s'il n'a pas de solution à proposer pour le conflit en Syrie. Les attaques de la presse syrienne contre le diplomate se sont multipliées après les critiques de ce dernier contre le discours du président Bachar Al-Assad qui a proposé le 6 janvier une transition entièrement contrôlée par son régime en vue de sortir de 21 mois de crise. Le ministère syrien des Affaires étrangères a été le premier à dénoncer les critiques de M. Brahimi, 79 ans, en l'accusant de “partialité flagrante en faveur des cercles connus pour leur conspiration contre la Syrie". “Lakhdar Brahimi ressemble à un touriste âgé qui fait une tournée plaisante dans des capitales autour du monde", écrit le quotidien As-Saoura. “Il n'a rien fait, sinon tenter de faire échouer les règlements politiques visant à sortir la Syrie de la crise". “Brahimi n'a jamais dénoncé les groupes terroristes armés et les pays qui les soutiennent. Il s'est écarté de sa mission (...) S'il n'est pas porteur d'un plan pour une solution, il vaudrait mieux qu'il laisse les Syriens tranquilles", ajoute le journal. Pour le journal du parti au pouvoir Al-Baas, M. Brahimi, même s'il ne cesse d'évoquer “la décision souveraine du peuple syrien", cherche à choisir pour ce peuple les parties qui devraient participer au règlement". Al-Baas dénonce “trois brèves visites à Damas" et le fait qu'“il ne se rendait pas dans les provinces syriennes pour sonder l'opinion des différentes catégories du peuple". “Brahimi se contente (de parler) avec les amis de Robert Ford", l'ambassadeur des Etats-Unis en Syrie, ajoute-t-il avec ironie. Les Etats-Unis, qui ont fermé leur ambassade à Damas, réclament un départ de M. Assad du pouvoir. M T./Agences