Le chef de la coalition de l'opposition syrienne, Moaz El-Khatib, a affirmé vendredi qu'il refusait l'invitation de Moscou en vue de participer à des négociations pour une sortie de crise en Syrie, réclamant des excuses de la Russie, grand allié du régime syrien. M. Khatib a toutefois ajouté qu'il pourrait réexaminer sa décision si la Russie publiait un communiqué demandant le départ du président Bachar al-Assad et proposait un «ordre du jour clair dans un pays neutre via l'émissaire international, Lakhdar Brahimi». «Nous avons dit clairement que nous n'irions pas à Moscou, il est possible que nous participions à des réunions, mais exclusivement dans un pays arabe et s'il y a un ordre du jour clair», a déclaré M. Khatib à la chaîne satellitaire Al-Jazeera basée au Qatar. «Et nous voulons maintenant des excuses du (ministre russe des Affaires étrangères) Sergueï Lavrov qui dit tout le temps que les peuples doivent choisir leur avenir sans ingérence étrangère, (or), la Russie s'ingère et fait comme si tous les massacres dont le peuple syrien a été victime n'étaient qu'une ballade de santé», a-t-il poursuivi. Evoquant «tous les crimes commis avec des armes russes et des missiles Scud», il a exigé de la Russie qu'elle «adopte une position claire afin de préserver ce qui reste de ses relations avec le peuple syrien». «Si nous ne représentons pas le peuple syrien, pourquoi nous invitent-ils? Et si nous représentons le peuple syrien, pourquoi la Russie ne réagit pas en publiant un communiqué condamnant clairement la sauvagerie du régime et exigeant la démission du président Assad, qui est une condition préalable à toute négociation», a-t-il ensuite ajouté. «Le peuple syrien et nous, ses représentants, nous ne voulons pas (de Bachar al-Assad), pas un seul jour (de plus)», a-t-il poursuivi, accusant le régime de chercher à «gagner du temps (...), ce qui est inacceptable». Le médiateur Brahimi a appelé à former en Syrie un gouvernement de transition ayant les pleins pouvoirs, mais ne s'est pas prononcé sur le sort de M. Assad, alors que des informations de presse avaient évoqué un éventuel accord russo-américain prévoyant le maintien de M. Assad jusqu'au terme de son mandat en 2014, sans possibilité de se représenter. M. Brahimi et des dirigeants russes ont démenti l'existence de cet accord entre les deux pays, aux positions diamétralement opposées sur le conflit syrien. La Russie, seule grande puissance à soutenir le régime syrien auquel elle vend des armes, a pressé vendredi M. Assad de dialoguer avec l'opposition, après avoir envoyé une invitation à M. Khatib. Le régime et ses alliés appellent régulièrement à un «dialogue national» auquel l'opposition pose comme préalable un départ du chef d'Etat contesté depuis près de deux ans par une révolte populaire devenue conflit armé. M. Lavrov, qui a reçu jeudi à Moscou une délégation syrienne dirigée par le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Mokdad, a réaffirmé que Moscou refusait toujours de soutenir les appels de certains pays à la démission de M. Assad, estimant que cette question revenait au peuple syrien. La communauté internationale est toujours paralysée, après 21 mois de violences qui ont fait plus de 45 000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), notamment du fait des veto russe et chinois à toute résolution au Conseil de sécurité condamnant le régime de Damas.