La retraite des soldats français du Mali débutera en mars, a annoncé le ministre français des Affaires étrangères. Quelque 4 000 soldats français sont aujourd'hui au Mali, plus de trois semaines après le début de l'intervention française. Cette précipitation est officiellement motivée par le succès de l'opération “Serval", qui a débuté le 11 janvier et qui a déjà confiné les groupes djihadistes dans le nord-est du Mali, proches des frontières avec l'Algérie et le Niger. “Je pense qu'à partir de mars, si tout se passe comme prévu, le nombre de troupes françaises devrait diminuer", a indiqué le chef de la diplomatie française. Paris annonce ainsi être dans la phase du passage de relais à la Misma, la force ouest-africaine pour le Mali. Cette force doit à terme comprendre environ 6 000 soldats, dont 2 000 seulement sont déjà au Mali. Un contingent distinct de quelque 2 000 soldats tchadiens déjà presque entièrement déployé à Kidal et plus au Nord. Les forces françaises sont maintenant en confrontation directe avec les groupes combattants djihadistes qui, jusqu'à la prise de Kidal, se repliaient. Le ministère français de la Guerre commence a donné des bilans de ses frappes aériennes et des combats frontaux qui opposent ses forces aux djihadistes. Plusieurs centaines de combattants islamistes ont été tués en plus de trois semaines d'intervention militaire, ils ont péri dans les frappes aériennes françaises sur des pick-up transportant des hommes ou du matériel de guerre et pendant des combats directs, frontaux à Konna et Gao, a précisé le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Côté français, un officier français, pilote d'hélicoptère, a été tué le 11 janvier, premier jour de l'opération française. Bamako avait fait état à la mi-janvier de 11 militaires maliens morts à Konna, mais n'a pas donné d'autre bilan depuis. En fait, ce n'est pas tant le combat asymétrique contre les djihadistes qui gêne la France mais les difficultés politiques qui ont refait surface dans le Nord-Mali. Sur le terrain, les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) ont affirmé qu'ils coordonnaient leurs actions dans l'Azawad avec les forces françaises contre les terroristes islamistes en fuite et le ministère français de la Guerre a également évoqué un réel engagement du MNLA dans la lutte contre le terrorisme, sans donner de détails sur la façon dont ces combattants touaregs “coopéraient" avec les soldats français à Kidal, à 1 500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière algérienne. Mais, cette relation fonctionnelle entre l'armée française et le MNLA n'est pas du tout bien vue à Bamako où les Touaregs sont considérés comme la partie qui a ouvert la porte à l'islamisme djihadiste et à l'occupation du Nord-Mali. Le sort du Nord-Mali, dont le sol regorge de potentiel minier, gazier et pétrolier, mais dont les populations sont les plus pauvres du pays, est loin d'être réglé. Le MNLA, en s'alliant en 2011 aux islamistes d'Ansar Dine et en proclamant l'indépendance de l'Etat de l'Azawad, s'est décrédibilisé aux yeux de Bamako où la classe dirigeante se révèle très divisée. En outre, l'ancien putschiste, le capitaine Amadou Sanogo, reste très influent parmi les militaires. Des élections démocratiques doivent se tenir d'ici au 31 juillet, a promis Dioncounda Traoré, qui n'a, pour l'instant, aucune légitimité démocratique. Le chemin de la concorde risque d'être encore bien loin. D. B