Au mois de décembre dernier, les déclarations du nouveau ministre de l'Habitat, M. Abdelmadjid Tebboune, au sujet de la création d'une “banque du logement" avait créé un certain émoi au sein du secteur bancaire algérien. Ce sont de grandes manœuvres qui sont en cours dans le secteur de l'habitat en Algérie. Dès le mois de septembre, le Premier ministre avait qualifié le logement de “danger pour la stabilité du pays" et de première priorité pour son gouvernement .Lui emboÎtant le pas, M. Karim Djoudi déclarait, en marge de l'adoption du projet de loi de finances 2013 par l'APN: “Nous avons actuellement des banques plus ou moins spécialisées comme la Cnep (...). Des discussions sont en cours entre les services du ministère de l'Habitat et ceux des Finances pour voir s'il y a utilité de créer une nouvelle institution de financement de logement, nous sommes en train de nous écouter mutuellement". En décembre, c'est le ministre de l'Habitat, M. Abdelmadjid Tebboune, qui annonçait que le gouvernement a décidé de confier cette tâche au Crédit Populaire d'Algérie (CPA) ajoutant que le choix de cette institution financière était motivé par la “grande expérience" de celle-ci dans la gestion des fonds et crédits destinés au secteur. M. Tebboune affirmait que le CPA devra assumer le rôle de “banque du logement", précisant qu'il prendra en charge “seul" cette opération. Des annonces qui ont eu surtout pour effet jusqu'ici d'augmenter la confusion qui règne autours de l'évaluation des performances du secteur et de ses perspectives de développement. Une chose est sûre : le gouvernement algérien est à la recherche d'une nouvelle stratégie pour le logement et se montre disposé dans ce but à restructurer vigoureusement les instruments existants. Une stratégie financière à préciser A l'heure actuelle, la communication et le niveau d'élaboration de la stratégie financière du secteur restent marqués par une certaine confusion. Au sein de nombreuses banques du secteur public comme du secteur privé, qui ont fait du crédit immobilier l'une de leurs priorités, on nous confirme que les déclarations des officiels algériens “ont fait mal" et provoqué une évidente perplexité. Aux dernières nouvelles, le projet initialement très radical de M.Tebboune de concentrer l'ensemble des aides de l'Etat au secteur immobilier au sein d'un seul établissement bancaire pour des raisons d'efficacité et de lisibilité n'a pas été approuvé par le Premier ministre et les autorités financières. Il n'est pas question évidemment de remettre en cause le rôle moteur de la CNEP dans le financement du crédit aux particuliers. Conjointement d'ailleurs avec l'ensemble du secteur bancaire algérien, elle a obtenu dans ce domaine au cours des dernières années des résultats exceptionnels stimulés par l'introduction depuis 2010 d'une bonification très généreuse des taux d'intérêt. Les résultats pour 2012 qui sont encore tout chauds confirment une croissance des crédits immobiliers aux particuliers de la CNEP de près de 30% par rapport à 2011. Le CPA , chef de file de financements syndiqués Le rôle nouveau attribué au CPA semble en réalité s'inscrire dans une double démarche dont tous les aspects ne sont manifestement pas encore précisés. La première orientation consiste à exploiter l'expérience du CPA en matière de financement des entreprises de réalisation du secteur, domaine dans lequel elle joue un rôle de leader( voir notre encadré), dans le but de lui confier l'accompagnement des sociétés mixtes en cours de création et d'une façon plus générale le financement d'une grande partie des programmes de logements à lancer. Dans ce domaine, elle ne serait cependant pas seule mais prendrait systématiquement la tête d'opérations de financements syndiqués accessibles à l'ensemble des banques algériennes. Une option d'autant plus viable que la CNEP, par exemple, a déjà largement atteint les quotas prudentiels de financement au profit d'un acteur de la construction comme l'ENPI qui semble appelé à jouer un rôle central dans la stratégie des pouvoirs publics. Le deuxième volet s'inscrit dans une stratégie de diversification de l'offre de logements au profit des classes moyennes nationales. Il a conduit à l'annonce toute récente de la création de la nouvelle catégorie des logements promotionnels publics(LPP) dont le programme pourrait à terme atteindre près de 300 000 unités. Les bénéficiaires seront les ménages dont le revenu mensuel est compris entre 6 et 12 fois le SNMG qui, dans le projet conçu par M.Tebboune, devaient être invités à s'orienter vers le CPA. Cette option, contraire au principe de la concurrence au sein du secteur bancaire , est fortement critiquée par les banques et ne devrait pas être retenue par le gouvernment. H. H.