Les marchés de proximité en tant qu'espaces commerciaux participent à la stabilité des prix des produits de large consommation notamment ceux des fruits et légumes. Or, ces infrastructures commerciales sont non seulement insuffisantes au regard des besoins des populations, mais également très mal réparties géographiquement sur le territoire national. Les statistiques officielles de 2012 font état de l'existence en Algérie de 1597 marchés dont 43 de commerce de gros des fruits et légumes, 654 de détail et 623 marchés hebdomadaires. Selon le directeur general de la régulation et de la réglementation au ministère du Commerce, "la concentration de ces marchés est au niveau des grands pôles urbains du nord du pays et il n'existe pas de marché de gros dans un certain nombre de wilaya comme Oum El-Bouaghi, Tissemsilt Illizi et Bouira". Aux dires de Ould Kablia, le nombre actuel des marchés de proximité serait de 534. Le ministre de l'Intérieur a affirmé par ailleurs, que les walis ont été instruits (circulaire du 9 mars 2011) en vue d'assainir les activités commerciales informelles par le renfoncement des circuits de distribution à travers l'aménagement des marchés de proximité. La mise en œuvre de cette mesure a nécessité la mobilisation d'une enveloppe de 14 milliards de dinars dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014. L'objectif avancé par le ministre de l'Intérieur de même que celui du Commerce, est de "caser" les 70 000 intervenants dans l'informel. Ces derniers, selon Benbada se subdiviseraient en deux catégories. "La première regroupe des jeunes poussés par la nécessité à exercer une activité illégale pour assurer leur survie". "La seconde catégorie (...) est composée de certains commerçants qui ont choisi de fermer leurs locaux commerciaux et créer des étals dans des espaces illégaux". Selon le ministre du Commerce, la mise en œuvre d'un programme d'urbanisme commercial en harmonie avec le schéma national d'aménagement du territoire et dans le cadre des instruments locaux d'urbanisme est plus qu'une nécessité. S'agissant de l'opération des 100 locaux commerciaux par commune destinés théoriquement aux jeunes chômeurs qui activent dans l'informel, sur les 136 826 locaux inscrits dans le programme de création de ces infrastructures, 115 258 locaux ont été réalisés et 13571 sont en cours. Dans les faits, l'attribution de ces locaux ne se fait pas toujours dans la transparence et sur la base de critères objectifs. Les surenchères politiciennes de certains élus locaux couplées au clientélisme partisan entrent souvent en ligne de compte. Ces derniers temps, bien avant le Ramadhan, les pouvoirs publics n'ont cessé d'affirmer leur volonté d'éradiquer les activités informelles. Un début de résultat a été obtenu, mais c'est compter sans ceux, qui, clandestinement financent ces activités illégales. Ainsi, comme par enchantement, les trottoirs et même les voies publiques sont réoccupés par les marchands ambulants sous l'œil «tolérant» des services de l'ordre. Pourtant, Ould Kablia, Benbada, Benaïssa, ont tout récemment, pour les deux premiers réaffiché leur volonté de réguler les activités commerciales en favorisant la stabilité des prix à travers les marchés de proximité et pour le troisième d'affirmer que les rendements agricoles se sont améliorés et que la production des fruits et légumes est au rendez-vous. Alors comment expliquer cette anarchie qui s'est traduite par une folle envolée des prix des biens de large consommation. Ou bien c'est l'impuissance de l'Etat à affirmer son autorité ou alors les forces de la spéculation et de l'informel sont plus puissantes que jamais. S'il est nécessaire d'éradiquer les petits commerces informels, ne serait-ce que pour le respect de l'ordre public, les vraies causes de ce phénomène devenu désormais structurel, sont ailleurs. Au demeurant, La pénurie des biens de large consommation est une question récurrente qui fait souvent et régulièrement l'objet d'écrits dans la presse nationale et d'analyse par de nombreux économistes tendant à expliquer ce phénomène, à en cerner les causes et à en évaluer les effets. Si par le passé, ce problème a été vécu péniblement par les citoyens du fait du monopole, de la rigidité de l'offre, liée à l'insuffisance de la production nationale, et des dysfonctionnements des circuits de distribution, aujourd'hui, la pénurie des biens de large consommation semble relever d'un jeu politique complexe combiné à des intérêts économiques et commerciaux énormes. C'est pourquoi on parle de "pénurie organisée"ou suscitée. A. H. Nom Adresse email