"Tous avec les Etalons", suggère le grand placard publicitaire qui orne le boulevard Houari-Boumediene de Ouagadougou avec en toile de fond une femme enceinte, tout sourire. Airtel, l'une des compagnies de téléphonies mobile du pays, l'un des partenaires de la sélection du Burkina Faso, met le paquet pour susciter l'engouement autour de l'équipe mais l'adhésion n'est pas à la hauteur des espérances. Sous une chaleur de plomb, les Burkinabés vaquent plutôt à leurs occupations. Dans ce pays où l'urbanisation est encore à son état embryonnaire et où les indices de pauvreté sont aussi abondants que ces habitations de fortune en zinc, le foot ne nourrit sans doute pas. Il ne fait pas oublier non plus la dureté de la vie sur cette terre rougeâtre et sableuse, riche pourtant en or. "Vous savez, ici tout le monde aime bien sûr les Etalons, tout le monde veut qu'ils se qualifient en Coupe du monde mais en attendant il faut travailler dur pour gagner sa vie. La nature ne nous a pas gâtés et nous ne possédons pas des réserves de richesses, notre or est confisqué par les étrangers, c'est pour cela que les gens se débrouillent comme ils peuvent, le petit commerce notamment, pour subvenir à leurs besoins. Pour le foot, nous aurons la journée de samedi pour supporter notre équipe", explique Adamo. Et d'enchaîner : "Cela ne veut pas dire que le stade ne sera pas comble, loin s'en faut mais chaque chose en son temps." Depuis quelques jours, l'arrivée des supporters algériens à Ouagadougou semble créer une ambiance particulière. Les gars passent leur temps à défiler dans les rues, sur des motos, ou à bord de voitures louées. Une arrivée triomphale des Verts à l'aéroport À leur passage, les Burkinabés ripostent, toujours amicalement, pronostiquant des scores en faveur des Etalons. Les Algériens sont un peu chez eux, ils sont seuls à manifester pour leur équipe dans les rues alors que les Burkinabés s'affairent à leur quotidien. "Vous êtes tout de même nombreux à venir ici soutenir votre équipe, je ne pense pas que nous serons autant au match retour à Blida, vous savez, les Burkinabés n'ont pas les moyens d'un tel voyage, nous n'avons pas un Etat riche comme vous mais cela nous fait plaisir de vous avoir parmi nous", nous dit Ahmadou qui nous prenait pour des supporters. Partout où vous allez, dans les artères de Ouaga, l'accueil est toujours hospitalier, pas la moindre provocation, les Burkinabés sont sûrs de la victoire de leurs capés mais pas la moindre suffisance ne se dégage de leurs propos. "Que le meilleur gagne", disent-ils. Jeudi, à l'arrivée de l'équipe nationale à l'aéroport de Ouaga, les supporters ont créé une ambiance festive, les joueurs ont eu du mal à rejoindre le bus les menant à l'hôtel Liaco, lieu de leur résidence, qui appartenait à la famille Khadafi et repris par des Tunisiens. Le bus des Verts était escorté par une cohue de fans dans une ambiance bon enfant. Certains fans ont même tenté de forcer cette forteresse construite au début des années 2000 par l'ancien dictateur libyen. Arrivés à l'hôtel, fouille minutieuse au scanner de tous les membres de la délégation y compris les joueurs, dix minutes d'attente donc, puis virée dans les chambres pour un repos récupérateur. Une heure plus tard, petit décrassage dans un stade situé à 5 mètres de l'hôtel. Presque dans l'indifférence des Burkinabés et sous l'œil vigilant des vigiles algériens envoyés spécialement d'Alger par la Sûreté algérienne. Une ambiance typiquement algérienne. Les Burkinabés en rigolent du reste : "C'est fou comme vos supporters sont chauds pour ce match, j'espère pour vous que vous ne serez pas très déçus au retour", ironise Mamadou d'un calme déconcertant. "Nous sommes venus pour la gagne, nous ne repartirons qu'avec la victoire avant de faire la fête à Blida", rétorque Fawzi, 20 ans, faisant partie des 20 supporters algériens envoyés par le wali de Blida pour soutenir les Verts. "Le wali nous a offert les billets, alors on n'a pas raté l'occasion, en 2009, j'étais aussi du voyage à Omdurman", ajoute son ami Omar. Aujourd'hui, ils seront près de 1 500 fans au stade du 4-Août de Ouaga pour porter aux nues les Verts. "1 500 supporters algériens dans le stade, c'est sûr ça va faire du bruit, c'est motivant, nous sommes très contents de les avoir avec nous ; nous ne serons pas seuls dans la bataille", se félicite du reste le capitaine Madjid Bougherra qui n'a pas hésité à parler "d'un moment de guerre". S. L. Nom Adresse email