Une dernière pour la route. Le public ne s'en lasse pas et exige une dernière chanson. Lors de leur concert à Montréal, samedi dernier, à l'initiative de la compagnie Nomads culture production (NCP), les Abranis ont laissé bonne impression devant un public qui n'en demandait pas tant. C'est que dans la tête des gens, la fête continuait, alors que les instruments de musique se sont tus et les lampions éteints. Le groupe qui fête ses 40 ans de carrière a fait revivre l'ambiance musicale des sixties. Sur scène, les Abranis, malgré la restructuration du groupe avec notamment l'intégration de nouveaux membres, dont les deux fils du chanteur, Bélaïd et Youba, ont fait belle impression. Leur prestation était de haute facture. Youba a épaté l'assistance par ses performances sur scène. Ce virtuose de la guitare électrique a fait pleurer les cordes de son instrument musical qu'il taquinait avec ses dents, le tout enrobé dans un jeu de scène qui laisse pantois. Les Abranis, avec leur style décontracté, empruntent des sonorités à des célébrités mondiales, comme Les Beatles, James Brown ou Pink Floyd. Ce premier passage à Montréal se veut, aux yeux de Karim Sid, halte pour revoir tout ce long parcours débuté vers la fin des années 1960. C'est que depuis leur première production en 1973, les Abranis ont su se faire une place dans le paysage musical, pas seulement en Algérie, mais aussi à l'étranger où ils ont écumé plusieurs scènes de renom. "Nous allons éditer un nouvel album en 2014 ; nous sommes en train de le peaufiner", révèle le chanteur. Pour notre interlocuteur, il faut fair confiance aux jeunes, qui commencent à émerger. L'artiste est convaincu qu'il y a de la pâte. Pour lui, Les Abranis ont beaucoup donné à la chanson kabyle. D'ailleurs, il juge le parcours du groupe plus qu'honorable. Depuis l'édition d'un 45 tours à l'occasion du Festival international de la chanson moderne en 1973, que de chemin parcouru ! Suivra alors une carrière fulgurante qui a charrié, dans le sillage des bouleversements sociétaux des années sixties, un renouveau musical, vite adopté par le public. Le groupe de la protest-song a su également internationaliser la chanson moderne kabyle. Le passage des Abranis sur des scènes emblématiques, notamment en Europe, a permis de faire connaître de nouvelles facettes de la musique kabyle, qui n'est pas seulement synonyme de derbouka et "ctih werdih". Linda, qui reste un texte d'anthologie, ne tardera pas à être vite adopté par un public, comme ce fut le cas ce samedi. Les Abranis ont repris aussi des textes du poète Si Muh u Mhend, comme l'inusable A qessam. Après plusieurs albums qui ont eu du succès, tels que Imetti n tayri en 1978, Abehri en 1983 et Linda en 1987, le groupe revient avec une nouvelle production, Wali kan en 1994. La discographie du groupe sera enrichie en 2004 par un album solo de Karim Sid et un best off en 2009. La dernière production, Lerwayeh, sortie en 2011, reprend la même quintessence du répertoire du groupe artistique qui a été honoré par la fondation Tiregwa. Lors du concert de Montréal, Bélaïd Branis a agréé le public avec les tubes de son cru. Y. A. Nom Adresse email